Institutions internationales - L'encyclique Centesimus annus - L'Antarctique entre parenthèses
La sécularisation du monde moderne n’a pas éliminé l’influence des religions. On le voit surtout en islam, mais l’effondrement des systèmes socialistes en Europe de l’Est a eu pour effet de rappeler combien l’âme de la civilisation du Vieux Continent était la foi chrétienne. Pour le pape Jean-Paul II, venu précisément d’Europe orientale, les événements de ces deux dernières années constituent une satisfaction, un succès, mais aussi l’aboutissement de la mission dont il s’était chargé lors de son élection en 1978 : combattre le totalitarisme, obtenir la liberté de culte et évangéliser à nouveau l’Europe de l’Est.
À son message spirituel s’adjoint un discours politique et social d’un tranchant particulier. L’encyclique Sollicitudo rei socialis (1) en avait déjà apporté la preuve. La nouvelle encyclique publiée le 1er mai 1991 accentue le caractère de cet apostolat. Le premier document pontifical se situait encore dans la perspective de l’affrontement de deux blocs et la misère du Tiers-Monde. Le nouveau aborde une question qui se pose à tous les pays ayant renoncé au collectivisme : le capitalisme est-il la seule voie offerte ?
L’encyclique Centesimus Annus
Le souverain pontife entend tout à la fois célébrer le centenaire de l’encyclique Rerum Novarum et orienter les sociétés modernes vers des dispositions sociales et économiques conformes à l’esprit du christianisme. Le pape Léon XIII fut celui du ralliement à la république. Son successeur se montre moins circonspect. Alors que Léon XIII se bornait à ne pas réprouver le régime républicain, Jean-Paul II ne cache pas son attachement à la démocratie. Il l’évoque plusieurs fois dans son encyclique (§ 19, 46 à deux reprises et 47) avec notamment cet éloge : « L’Église apprécie le système démocratique comme système qui assure la participation des citoyens ». La fin du collectivisme ouvrirait donc inéluctablement la voie à un individualisme qu’approuve le Vatican : « L’Église a fourni une contribution importante et même décisive par son engagement en faveur de la défense des droits de l’homme » (§ 22). Il est sans doute curieux de voir le catholicisme appuyer pareil nominalisme plus proche de Descartes que de Saint Thomas d’Aquin, mais il est encore plus étrange de le voir affirmer que « l’homme (a été) créé pour la liberté » (§ 24). Certes, il ne s’agit pas d’eschatologie, mais cette assertion confère à une simple faculté une importance qu’elle n’a pas au sein de la société.
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