Afrique - Au Togo, les ratés du processus démocratique
Les soubresauts qu’a connus le Togo tout au long de l’automne dernier sont significatifs de la précarité des processus de démocratisation amorcés çà et là. Ces événements ont, certes, des causes locales mais sans doute sont-ils aussi l’effet de l’exemple donné ailleurs. La convocation d’une conférence nationale en février 1990 au Bénin constituait une innovation dont les résultats ont été bénéfiques à Cotonou comme à Brazzaville. Mais la résistance opposée ensuite à pareille démarche par des chefs d’État comme ceux du Cameroun, du Zaïre ou de Madagascar, est venue fournir la preuve qu’il était possible de se maintenir au pouvoir dès lors que les forces armées ne se disloquaient pas. La manière dont se conclura l’affaire togolaise aura certainement des répercussions dans d’autres pays. Ces suites de ricochets ne sont pas propres à l’Afrique, mais ils y prennent une intensité d’autant plus grande que le continent est à la recherche d’une voie nouvelle vers d’autres institutions.
Si, au Bénin comme au Congo, la transition a pu être réussie en modifiant de fond en comble l’échiquier politique, n’est-ce pas en raison du caractère novateur et imprévu du processus engagé et parce qu’il survenait au moment où les idéologies marxistes dont se prévalaient les présidents Kérékou et Sassou Nguesso affichaient leur irrémédiable débâcle ? Puis vient le moment où il est trop tard pour allumer un feu de brousse. Les ressorts de l’histoire doivent être actionnés au meilleur instant, ensuite les mécanismes sont à nouveau dramatiques.
Or, c’est avec quinze mois de retard sur le Bénin que le Front des associations pour le renouveau a réclamé au Togo, pays voisin, la convocation d’une conférence nationale et la constitution de partis politiques. L’autocratisme du général Eyadéma était bien moins idéologique que celui du président Kérékou : cela explique-t-il que l’armée ait aussitôt réagi ? En partie sans doute, mais il ne faut pas oublier que cette armée est aux trois quarts constituée d’hommes appartenant à l’ethnie des Kabiés du président en poste. De son éventuelle éviction elle ne pouvait craindre qu’une mise à l’écart. C’est l’un des facteurs locaux du problème togolais.
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