Défense dans le monde - Politique de défense et forces armées de la République de Pologne
Politique de défense
La politique de défense de la Pologne a été profondément modifiée du fait des changements intervenus dans le pays au cours des dernières années.
Si la nouvelle doctrine n’a pas encore été officiellement adoptée, ses grandes orientations sont désormais connues :
– la défense est conçue comme purement nationale : les forces armées sont dans leur totalité sous le contrôle du pouvoir polonais et l’emploi hors des frontières est exclu ;
– la doctrine est strictement défensive et tous azimuts ;
– la Pologne n’a aucune revendication territoriale et ne considère aucun pays comme ennemi ; elle a exprimé sa volonté de s’appuyer, pour sa défense, sur un système d’accords bilatéraux et de participer activement à la mise en place d’un système de sécurité européen ;
– la Pologne n’a pas l’intention de disposer d’armes de destruction massive.
Toutefois, cette politique de défense doit tenir compte de la présence de troupes soviétiques, dont les effectifs sont estimés à environ 45 000 hommes. À la suite de négociations difficiles, entamées à la fin 1990, un accord a été paraphé le 26 octobre 1991 à Moscou : les unités de combat devraient quitter le pays avant le 15 octobre 1992, et les unités logistiques avant la fin de 1993. Cet accord n’a toutefois pas encore été ratifié.
La Pologne renforce actuellement sa coopération avec ses voisins, notamment la Tchécoslovaquie et la Hongrie, avec lesquels des accords de coopération militaire ont été signés, respectivement le 27 janvier et le 20 mars 1991. La dernière réunion, visant à un échange d’informations sur l’évolution des forces armées des trois pays, a eu lieu à Budapest du 28 au 30 novembre 1991, et a permis d’exprimer la volonté de resserrer encore les liens entre les trois armées.
La Pologne a, par ailleurs, entamé une coopération significative avec les pays occidentaux.
Les forces armées
Elles sont pour l’instant dans une phase de transition. D’après les déclarations officielles, les effectifs des forces armées polonaises étaient, au 5 mai 1991, de 305 000 hommes dont 200 000 appelés. Elles devraient être ramenées à un total de 230 000-250 000 hommes à l’horizon 1995.
Le service militaire, passé de 24 à 18 mois en 1990, pourrait être réduit à 12 mois dans le cadre des réductions d’effectifs. Parallèlement, le taux de professionnalisation, actuellement de 40 %, pourrait passer à 50 ou 60 % d’ici l’an 2000.
Au 1er janvier 1991, la Pologne déclarait disposer de 2 900 chars dont 750 T-72, 2 300 véhicules blindés de combat, dont 1 391 véhicules de combat d’infanterie, 2 300 lanceurs d’artillerie, canons de plus de 100 millimètres et lance-roquettes multiples, 515 avions de combat, 100 hélicoptères de combat.
Les accords sur la réduction des Forces conventionnelles en Europe (FCE) lui fixent les plafonds suivants : 1 730 chars, 2 150 véhicules blindés de combat, 1 610 lanceurs d’artillerie, 460 avions de combat, 130 hélicoptères de combat.
Les mesures de réorganisation en cours dans les forces armées polonaises ont pour finalité une importante réduction d’effectifs et un rééquilibrage vers l’est visant à remplacer le regroupement de forces offensives aux frontières ouest du pays, prévu dans le cadre du Pacte de Varsovie, par un déploiement homogène sur l’ensemble du territoire adapté à la nouvelle doctrine.
Il a été décidé de diminuer le caractère offensif des divisions mécanisées, mais, par contre, de leur conserver une bonne capacité antichar et antiaérienne. L’accent devrait être mis dans l’avenir sur les forces de réaction rapide et sur le système de défense aérienne dont le rôle sera prééminent dans la nouvelle doctrine.
Dans le cadre des réductions, les troupes de défense territoriale ont été dissoutes, tandis que les forces de milice et les gardes-frontières sont passés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur.
Le territoire est actuellement découpé en trois régions militaires : Poméranie (PC à Bydgoszcz), Silésie (PC à Wroclaw), Varsovie. Il devrait être prochainement réorganisé en quatre régions : Poméranie, Silésie, Mazurie (PC à Olsztyn), Petite Pologne (PC à Cracovie). Cette nouvelle organisation ira dans le sens d’une meilleure répartition des forces sur l’ensemble du territoire.
Les forces terrestres polonaises comprennent actuellement 9 divisions mécanisées, auxquelles s’ajoutent une brigade de défense côtière et une brigade d’assaut par air. Quatre « bases de matériel technique » regroupent les matériels d’unités dissoutes et peuvent être assimilées à des divisions de mobilisation. Cette articulation pourrait être remise en cause par le rééquilibrage du dispositif vers l’est du pays, selon le principe 40 % à l’ouest, 40 % à l’est, 20 % au sud. Ultérieurement, l’armée de terre sera constituée de forces opérationnelles (10 divisions mécanisées) et d’unités de défense régionale équipées d’armes légères.
Les forces aériennes et de défense aérienne polonaises ont entrepris la fusion de leurs organisations respectives le 1er juillet 1990. Elles comptent trois corps de défense aérienne (9 régiments) et 2 divisions d’aviation tactique (6 régiments). Les unités basées à terre comptent une cinquantaine de sites de missiles sol-air. La plupart des matériels, à l’exception d’un escadron de MiG-29 Fulcrum, sont de construction ancienne.
La marine de guerre polonaise est la plus importante parmi celles des anciens membres du Pacte de Varsovie. Elle est assez bien équilibrée, mais sa capacité opérationnelle est réduite du fait des graves problèmes budgétaires qui touchent toutes les composantes des forces armées. La majeure partie de la flotte est de construction nationale. ♦