Faits et dires
• Seuls deux des Douze sont détenteurs d’une force atomique. Pour leur politique nationale, ils ont une doctrine claire. Est-il possible de concevoir une doctrine européenne ? Cette question-là deviendra très vite une des questions majeures de la construction d’une défense européenne commune… On ne m’empêchera pas de penser que si un jour la Communauté européenne a une union politique très forte, alors pourquoi pas le transfert de l’arme nucléaire à cette autorité politique ?
Président Mitterrand, le 10 janvier 1992
• La construction européenne se traduira par une conscience croissante d’intérêts vitaux communs, une espèce de solidarité des pays européens. Dès lors on peut imaginer de concevoir une doctrine nucléaire commune.
Amiral Lanxade, Chef d’état-major des armées, le 14 janvier 1992
• Dans un ensemble politique d’un certain nombre de Nations qui ont décidé, sur les domaines essentiels, d’avoir une politique extérieure commune, la force nucléaire française devrait être au service de cette politique commune.
M. Jacques Delors, président de la Commission européenne, le 5 janvier 1992
• Quinze à vingt pays du Tiers-Monde pourraient être capables de lancer des missiles balistiques d’ici à la fin du siècle, et la moitié d’entre eux pourraient avoir une bombe atomique.
M. Dick Cheney, secrétaire à la Défense des États-Unis, à Bonn le 13 janvier 1992
• Le 10 janvier 1992, invitées à Bruxelles à une réunion de l’Otan, les républiques de la Communauté des États indépendants (CEI) se sont engagées à respecter le traité sur les armes conventionnelles.
• Selon le maréchal Chapochnikov, commandant en chef des forces de la CEI, le feu nucléaire est actuellement aux mains de deux responsables : le président Boris Eltsine et lui-même. Il l’a affirmé à M. Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, le 23 janvier 1992 à Moscou. Le surlendemain, le président du Kazakhstan, M. Nazarbaiev, ne se montrait aucunement disposé à remettre à la Russie les armements stratégiques basés sur le territoire de sa République, précisant seulement qu’il était prêt à adhérer aux accords internationaux signés en la matière et procéder à la destruction de son arsenal, une liquidation qui, de son propre aveu, durera sept ou huit ans.
• Le Sunday Times du 26 janvier 1992 affirme que l’Iran recrute d’anciens scientifiques soviétiques spécialistes du nucléaire. Au même moment, M. Manfred Wœrner, secrétaire général de l’Otan, indiquait au magazine allemand Bunte que des experts atomistes soviétiques avaient déjà été recrutés par des États cherchant à accéder à la puissance nucléaire.
• Le président Boris Eltsine a déclaré le 26 janvier 1992 que son pays allait modifier son dispositif nucléaire et ne plus pointer ses missiles sur les villes américaines qui en sont encore la cible ; confidence faite à la chaîne de télévision ABC.
• Dans son discours sur l’état de l’Union, le 28 janvier, le président Bush a annoncé la réduction d’un tiers des têtes de missiles armant les Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Il a ensuite préconisé l’élimination par les États-Unis et la Russie de tous les missiles mirvés basés au sol. Le lendemain, le président Eltsine annonçait l’arrêt de la production des bombardiers Tupolev et des missiles de croisière basés au sol ou en mer. Il suggère de plus l’élimination de ces derniers de la part des deux puissances. Il fait savoir que la Russie et les États-Unis ne devraient plus se prendre mutuellement pour cible. Enfin, il se dit disposé à mettre en place avec les États-Unis un système global de défense remplaçant le dispositif de la guerre des étoiles (IDS). ♦