Aéronautique - Le ravitaillement en vol
Deux limitations importantes du vecteur aérien dans le domaine de l’emploi militaire se sont fait jour très tôt après sa naissance : il avait une endurance faible et ne pouvait intervenir qu’à des distances modestes, de l’ordre de la centaine de kilomètres. Ces handicaps découlaient de deux problèmes techniques : les moteurs utilisés consommaient trop de carburant et la quantité de carburant embarquée était limitée, le plus souvent, par la masse maximum admissible pour le décollage. Il est apparu assez vite que l’amélioration des moteurs, aussi bien dans le but de diminuer leur consommation que dans celui d’accroître leurs performances au décollage, ne pourrait être que très progressive, longue et coûteuse. L’idée a donc vu le jour de ravitailler en carburant l’appareil pendant son vol.
La première manifestation concrète de cette idée avait lieu le 3 octobre 1920 : aux États-Unis, un pilote saisissait un bidon d’essence sur un radeau ancré sur le Potomac. Un an plus tard, aux États-Unis toujours, un homme passait, en plein vol, de l’aile d’un avion sur celle d’un autre avec un bidon attaché sur le dos. C’est en août 1923, à San Diego, que le ravitaillement quittait le domaine de l’acrobatie pour ressembler à ce que nous connaissons aujourd’hui. Un bombardier DH4B établissait le premier record d’endurance : 37 heures 15 minutes de vol après 15 ravitaillements en vol effectués par un autre DH4 se plaçant à sa verticale et déroulant un tuyau terminé par une poignée pistolet.
Depuis lors, le concept du ravitaillement en vol n’a jamais été abandonné. Il n’a cependant connu son véritable développement qu’avec le début de la guerre froide et l’accroissement considérable des distances que devaient couvrir les bombardiers stratégiques. Par la suite, la guerre du Vietnam en a généralisé l’usage. Elle a été la première manifestation d’une évolution de son concept d’emploi : plus qu’un artifice tendant à compenser les insuffisances des moteurs – d’ailleurs largement gommées aujourd’hui –, le ravitaillement en vol est devenu un véritable multiplicateur de forces. Tempête du désert a été l’illustration de l’ultime stade de cette évolution : pour le seul premier raid aérien allié du 17 janvier 1991, 160 ravitailleurs étaient en vol. Ainsi, aujourd’hui le ravitaillement en vol se révèle un facteur essentiel de puissance aérienne. Cela tient au fait que, l’expérience et le progrès technologique aidant, on a maintenant pris la pleine mesure des différents apports de cette technique à l’emploi militaire de l’aviation.
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