Afrique - Le rôle politique de l'islam en Afrique
L’émergence soudaine du Front islamique du salut (FIS) algérien, qui place les autorités face à des difficultés qu’elles sont loin de pouvoir résoudre, et le voyage pontifical au Sénégal, en Gambie et en Guinée, trois pays à forte majorité musulmane, conduisent l’observateur à s’interroger sur l’influence et le rôle de l’islam sur le continent. Jadis contenu dans les limites d’une simple pratique religieuse, il paraît revendiquer aujourd’hui de nouvelles fonctions.
Lors des indépendances, l’organisation politique des pays africains constituait une base raisonnable pour leur développement. Les anciens empires et royaumes ayant cédé la place à des structures pluriethniques, les assises d’un nouvel ordre juridique et humain semblaient assurées sans préjudice pour personne. Dans leur genèse, les États africains ont tout naturellement adopté l’héritage colonial en le transformant à leur gré, c’est-à-dire en octroyant des statuts politiques aux anciennes divisions administratives.
Progressivement, les pratiques d’individualisation induites par la colonisation ont glissé vers la personnalisation du pouvoir, ce qui heurtait les traditions africaines selon lesquelles la souveraineté et le pouvoir sont parfaitement distincts. Les lois du lignage, les relations de parenté ne supportaient pas la confusion des pouvoirs ; or le phénomène colonial a entraîné de telles confusions qui sont à l’origine de la désaffection politique du peuple. Celui-ci s’est alors tourné vers les sectes, battant en brèche la sécularisation du pouvoir.
Il reste 88 % de l'article à lire