Faits et dires
• Pour la première fois dans l’histoire de notre république, la France ne connaît plus de menace militaire à proximité de son territoire. Nul n’ignore le rôle déterminant joué par nos armées dans l’aboutissement de ce long processus de paix. Cette réussite majeure ne doit pas nous faire oublier l’accroissement des déséquilibres régionaux et les instabilités dangereuses qu’ils génèrent.
Président Mitterrand, le 14 juillet 1992, dans son message aux armées
• Essais nucléaires : si d’autres pays soit reprennent leurs expériences (je pense aux Russes), soit les continuent (je pense aux Américains et aux Anglais), ce sera un devoir que de les reprendre, n’ayant pas été entendus.
Président Mitterrand, le 14 juillet 1992, à l’Élysée
• Le 14 juillet 1992, M. Brent Scowcroft, conseiller pour les Affaires de sécurité, a fait savoir au Congrès américain que les États-Unis allaient réduire le nombre de leurs essais nucléaires : six essais par an au cours des cinq prochaines années.
• Balkans : il n’y a d’action possible pour la France que dans le cadre des Nations unies. Il ne peut être question d’une intervention isolée. J’ajoute qu’une campagne proprement militaire constituerait une épreuve redoutable. La France ne la propose pas.
Président Mitterrand, le 13 août 1992, au quotidien Sud-Ouest
• Le Conseil des ministres du 1er juillet 1992 a approuvé la Loi de programmation militaire (LPM) qui est une simple reconduction sur trois ans des ressources allouées actuellement aux armées. M. Pierre Joxe a souligné que « cette loi assurera la transition entre une défense constituée pour l’affrontement Est-Ouest et l’outil militaire dont la France a besoin à la fin du siècle ».
• À Munich, le 9 juillet, les pays du G7 ont appelé les États qui ne font pas encore partie du Traité de non-prolifération (TNP) à y adhérer, tout en invitant tous ceux de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à régler leurs différends par des moyens pacifiques et à garantir un traitement égal à toutes les minorités.
• À Helsinki, le 10 juillet 1992, les membres de la CSCE ont signé un accord sur le plafonnement des effectifs des forces armées terrestres et aériennes en Europe. La proposition française de créer une Cour européenne d’arbitrage et de conciliation a été retenue. Au sujet de ses activités, la CSCE se place dans la dépendance de l’ONU en se considérant comme un accord régional au sens du chapitre VIII de la Charte des Nations unies. De surcroît, elle insiste sur la volonté de ses membres d’œuvrer à la prévention des conflits ou à leur règlement en étroite liaison avec l’ONU.
• Le 31 juillet 1992, la Commission de Bruxelles a donné un avis favorable à l’adhésion de la Suède à la Communauté européenne, en stipulant que sa participation devra être « pleine et entière à la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne » (traité de Maëstricht). Les Douze restent toutefois préoccupés par certaines réserves émises par Stockholm à propos de la défense commune. Or, le 11 août 1992, le Premier ministre suédois, Carl Bildt, affirmait à un quotidien suédois : « C’est par une participation croissante dans les secteurs de la défense et de la sécurité européenne que nous pourrons contribuer au mieux à notre propre paix et à celle de l’Europe ».
• Le 3 juillet 1992, le gouvernement belge a adopté un plan de restructuration de ses forces armées, qui prévoit notamment la suppression de la conscription à partir du mois de janvier 1994.
• Le 19 août 1992, les États-Unis ont obtenu des Philippines le droit d’avoir accès à la base navale de Subic Bay en dépit du non-renouvellement du bail concernant les bases militaires dans l’archipel.
• Dans le quotidien La Croix du 24 juillet 1992, le secrétaire général de l’Otan, M. Manfred Wörner, justifie le rôle de l’Organisation atlantique en Europe : « En tant que secrétaire général de l’Alliance atlantique, je n’ai aucun problème avec l’Union de l’Europe occidentale (UEO) qui représente le cœur de l’identité de sécurité et de défense de l’Europe. Il y aurait des difficultés si l’on violait les principes de complémentarité, de compatibilité et de transparence que nous avons fixés. Et si l’on commençait à établir une deuxième structure militaire en Europe pour le même but… La menace centrale a heureusement disparu, mais nous vivons dans un environnement instable. L’Otan reste une sorte d’assurance contre des risques multidirectionnels. Une grande partie des États d’Europe centrale et orientale souhaitent rejoindre l’Alliance. La raison en est très simple : celui qui en fait partie est en sécurité. Il ne faut pas oublier que la Russie est toujours la puissance militaire la plus forte en Europe. Un équilibre géostratégique ne peut être assuré aujourd’hui qu’avec la participation des États-Unis. La présence américaine est nécessaire pour la stabilité euro-atlantique, paneuropéenne et européenne ». ♦