Le 31 janvier dernier, à l’issue de la première réunion qu’il a tenue au niveau des chefs d’État ou de gouvernement, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a demandé au secrétaire général « d’élaborer une étude et des recommandations sur les moyens de renforcer la capacité de l’Organisation dans les domaines de la diplomatie préventive, du maintien et du rétablissement de la paix, et sur les moyens d’accroître son efficacité ». Le présent article s’inspire de ce rapport intitulé « Agenda pour la paix ». Lire les premières lignes
Depuis la fin des années 80, l’Organisation des Nations unies prend, ou reprend une position centrale dans la gestion et éventuellement le règlement des conflits. Les raisons politiques de ce « retour de l’Onu » sont connues. Du fait de la fin de l’antagonisme Est-Ouest, nombre d’affrontements du Sud, cessant d’être financés ou armés par les deux supergrands, s’acheminent vers des tentatives de solution ; avec le reflux du tiers-mondisme, l’Onu et surtout l’Assemblée générale cessent d’être cette machine de guerre antioccidentale, antiaméricaine qu’elle fut principalement dans la décennie 70. Lire les premières lignes
Colloque - La Moyenne-Asie
À l’est la Chine, et d’abord le Sinkiang, au sud-sud-ouest l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran et la Turquie, au nord la Russie, c’est ce qu’on a appelé le milieu des empires et que nous nommons aujourd’hui la Moyenne-Asie, terme assez vague pour être commode, mais région qui reste à définir, d’autant qu’on ne sait trop si l’on veut parler en l’occurrence de ce qui en constitue la bordure, ou des républiques islamiques de l’ancienne Union soviétique qui en sont le centre ! Lire la suite
Si je devais choisir deux mots pour traduire les sentiments et les réactions de l’opinion turque face aux événements d’Asie centrale, je choisirais ceux de soulagement et de fierté. Soulagement parce que les Turcs, jusqu’à l’effondrement de l’Union Soviétique, avaient l’impression de vivre dans une île entourée d’eaux troubles. Il y avait d’abord cette Union Soviétique qui était ressentie comme une menace permanente, et les pays du Sud, Irak, Iran, n’avaient pas une attitude particulièrement amicale, tandis qu’à l’ouest, il y a les Grecs, les Chypriotes. Donc, pour la première fois les Turcs ont le sentiment de pouvoir respirer. Ils ont découvert un monde turcophone qui va de la Chine aux Balkans et de la Sibérie au Golfe : 150 millions de personnes qui parlent turc, qui sont pour la plupart de la même religion, et dont la présence rompait l’isolement de la Turquie. Lire les premières lignes
• Trois oublis me paraissent avoir été commis : le Sinkiang chinois, le Pakistan dont il a été très peu question, et l’Inde qui, avec le Cachemire, comporte un État à majorité musulmane. Or, ces trois pays représentent presque autant que la zone dont nous avons parlé. Au surplus, le Pakistan a une vocation particulière à regrouper les musulmans, puisqu’il a été créé pour être le pays des purs, et le méridien de Tachkent aboutit à la mer à Karachi. Lire la suite
Ce qui survient aujourd’hui en Moyenne-Asie concerne tous les équilibres du monde : c’est, à l’évidence, la leçon principale qu’il faut tirer des exposés de M. Éric Rouleau, de M. Olivier Roy et de Mme Élisabeth Moreau. Pour la réflexion politique et stratégique en France, c’est peut-être une donnée nouvelle. Longtemps, il faut l’admettre, cette partie de l’Asie a échappé à l’analyse et même à l’attention de la plupart des spécialistes français du continent asiatique, et contribuer à combler cette lacune était l’un des buts que nous avons poursuivis en organisant cette soirée d’étude du 11 juin. En revanche, les Anglo-Saxons lui ont attribué une importance majeure et le concept de South West Asia est familier à leurs chercheurs comme à leurs journalistes, à leurs diplomates comme à leurs stratèges. Cependant, les événements survenus dans cette partie du monde furent tels, en moins de quinze ans, que la négligence et l’ignorance ne sont décidément plus de mise. Lire la suite
Repères - Opinions - Débats
Traditionnellement, nous publions avant chaque salon naval un article sur les matériels utilisés ou en projet dans les marines française et étrangères. La coopération internationale en ce domaine étant devenue une nécessité maintes fois exposée dans notre revue, ses développements récents font l'objet de cet article.
Un colloque international, réuni à l'initiative du contrôleur des armées Hoffmann, s'est tenu les 13 et 14 mai 1992 à Coetquidan avec la participation des représentants de l'Allemagne, de la Belgique, du Canada, de l'Espagne, des États-Unis, de l'Italie, des Pays-Bas et du Royaume-Uni afin d'étudier ensemble, pour la première fois, la formation initiale des officiers. Cet article concerne la situation dans ces neuf pays à partir de l'exemple fourni par les académies ou écoles formant les officiers, de recrutement direct, de l'armée de terre.
Spécialiste des relations internationales, l'auteur nous présente les résultats du premier sommet de la Terre, tenu à Rio de Janeiro au mois de juin. Toujours optimiste, il décrit à la perfection tout l'espoir qu'il met dans le respect des résolutions prises lors de cette conférence. Cependant, l'objectivité ne nous oblige-t-elle pas à constater qu'aucun État, riche ou pauvre, ne s'est vraiment engagé à appliquer les textes élaborés, et à noter que le seul immense problème de l'humanité au siècle prochain, la démographie, a été hyprocritement éludé ?
L'auteur, conseiller industriel et auditeur à l'IHEDN, a prononcé en 1992, devant le club des conseillers du commerce extérieur de la France, une conférence sur la stratégie d'innovation technologique, seule solution à adopter par les entreprises françaises pour réussir à s'implanter aux États-Unis et concurrencer les Japonais en particulier.
L'auteur profite des manifestations grandioses se déroulant en Espagne cette année pour tenter d'apprécier quelles sont l'influence et l'action de ce pays dans les nations d'Amérique « hispanique ». Reconnaissons que depuis la disparition de Franco, l'Espagne a effectué un retour spectaculaire sur la scène internationale, mais quelles seront les possibilités réelles envers le sous-continent américain dans les prochaines décennies ? La question reste posée.
L'auteur, professeur des universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales et directeur du Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes (CHEAM), nous fait partager ses espoirs et ses craintes sur révolution d'États africains dont on peut dire qu'à quelques exceptions près ils se trouvent dans une situation politique et surtout économique extrêmement préoccupante. En outre, ce texte complète les réflexions émises dans notre dossier de mai 1992 sur les questions africaines.
La région du Pacifique constitue un ensemble économique, rivalisant d'importance avec la Communauté économique européenne (CEE) et le monde nord-américain. Quelles que soient l'aire géographique et les structures de coopération, les États européens doivent observer attentivement l'évolution de cette zone, la plus dynamique du monde. Ils doivent le faire dans des conditions comparables à celles qu'ils ont octroyées à Bruxelles aux riverains du Pacifique : le principe de réciprocité et le rôle de l'Europe dans le développement de ce bassin justifient ce réajustement. C'est la thèse de l'auteur. Lire les premières lignes
Chroniques
Conçue hier encore sur le principe de disponibilité immédiate et de la mobilisation, l’Armée de terre se prépare à faire peau neuve. Plus que jamais, la réserve est concernée par cette mutation. Lire la suite
• Pour la première fois dans l’histoire de notre république, la France ne connaît plus de menace militaire à proximité de son territoire. Nul n’ignore le rôle déterminant joué par nos armées dans l’aboutissement de ce long processus de paix. Cette réussite majeure ne doit pas nous faire oublier l’accroissement des déséquilibres régionaux et les instabilités dangereuses qu’ils génèrent. Lire la suite
Bibliographie
« Où nous voyons Geneviève Salkin charmer son lecteur par un délicieux petit livre d’aventures ». Tel est le style, genre famille Fenouillard, des titres des vingt-quatre courts chapitres consacrés à la triple vie d’un pittoresque personnage dont le portrait, favoris et lorgnon, évoque plus un paisible notaire flaubertien que l’intrépide pionnier qu’il fut. Cet Harmand, après un titre de médecin de 2e classe de la Marine obtenu à l’arraché, se passionna à la fois pour la botanique et pour l’Indochine, ce qui le mena inévitablement vers de montagneuses et cambodgiennes explorations au cours de périlleuses missions qu’il s’attribua le plus souvent lui-même, arrachant le consentement de supérieurs grognons. Lire la suite
« Avant la révolution soviétique, il y avait déjà des guérillas en Amérique latine » a déclaré Daniel Ortega [Nicaragua], revendiquant hautement l’antériorité. C’est en effet une tradition ancestrale de sauvagerie que décrit Alain Gandolfi. Le passé du continent est une litanie d’« hécatombes et de boucheries » : « la violence des Incas n’avait rien à envier aux brutalités et aux outrances du conquérant », et si les Aztèques formaient « le peuple le plus cruel et le plus démoniaque qu’on pût imaginer », les Espagnols trouvaient eux aussi « un plaisir intrinsèque dans la cruauté ». Bolivar n’était pas un ange ; lui succédèrent des phalanges de caudillos sanguinaires, « féroces et joyeux » comme l’argentin Rosas. Les émeutes se suivent et se ressemblent ; les pronunciamientos tiennent la place de nos élections ; l’opposition est traitée par les escadrons de la mort de façon moins traditionnelle mais plus expéditive qu’à la Chambre des communes. Huit chefs d’État en trois ans au Pérou, de quoi assurer la variété. Bref, nous voici rassurés, le problème n’est pas que conjoncturel ! Lire la suite
Solidement planté au carrefour de la stratégie, de la sociologie et de l’islamologie, Jean-Paul Charnay nous fait à nouveau profiter de son exceptionnelle érudition (1). Son livre décrit le dernier état de l’art : art double, puisque s’y mêlent anthropologie stratégique et géopolitique ; c’est la première qui donne sens à la seconde, l’homme qui « informe » la géographie. D’où le titre Stratégie générative. Lire la suite
La passion du lieutenant-colonel de Richoufftz pour le métier des armes le pousse non seulement à se poser des questions sur l’institution militaire, mais à les présenter aux responsables politiques et militaires et leur proposer des ébauches de solutions au cas où ces derniers répugneraient à y répondre. Quittant le scénario fiction de son livre précédent. Décembre 1997, les Russes arrivent…, cet officier, sous le titre plus provoquant Encore une guerre de retard ? mène une réflexion géopolitique sur le rôle et l’avenir de nos armes, bâtie sur la trame opérationnelle d’un haut état-major pendant la courte guerre du Golfe. Lire la suite
Aucun rouage essentiel de la société française n’a connu au cours des cinquante dernières années autant d’épreuves, de gloire, d’exigence, de souffrances et d’interrogations que le corps des officiers. Gravement divisés entre 1940 et 1944, puis en 1961, ils ont fait les frais de larges épurations dans les années 1945-1947 puis 1961-1965. Ces hommes ont en effet subi les tragiques conséquences des grands événements qui ont déchiré notre pays. Leur générosité a pourtant toujours laissé là où ils ont combattu des traces et des souvenirs plus durables que les cicatrices de guerre. Lire la suite
Ce livre se propose de réhabiliter la victoire militaire de l’armée française aux prises avec la guerre révolutionnaire qui déchira l’Algérie de 1954 à 1962. Le général (CR) Dupont de Dinechin a vécu la quasi-totalité du conflit dans les unités les plus diverses : 26 mois de commandement d’un peloton, puis d’un escadron de spahis à cheval, formation montée autochtone chargée de missions dites de pacification, 12 mois consacrés à l’instruction de cadres de jeunesse destinés à seconder les officiers responsables des Sections administratives spécialisées (Sas), et 30 mois à la tête d’un escadron de parachutistes, unité relevant des réserves générales et participant à ce titre aux opérations d’ensemble menées contre les groupes rebelles. Grâce à la variété et à l’étendue de toutes ces expériences, l’auteur est en mesure d’apporter au lecteur de nombreux témoignages sur les différents aspects de cette guerre. Lire la suite
Pour communiquer sa passion du désert, François Goetz nous fait vivre l’épopée d’une unité de méharistes pendant la guerre d’Algérie. Le peloton Bertin a pour mission de secourir les tribus nomades et surtout de surveiller la frontière libyenne à partir de laquelle les contrebandiers alimentent en armes et munitions le Front de libération national (FLN). Ce long parcours à travers les immenses dunes et les oasis du Sahara nous permet de découvrir le particularisme des coutumes des Touaregs : la chaleur des campements, les chants et la cour d’amour des « Tin de », « l’examen des virginités » près du Ghat, la spécificité de l’organisation sociale fondée sur le système matrilinéaire, l’originalité de la langue (tamacheq) qui s’appuie sur un alphabet caractéristique (le tifinagh)… Lire la suite
Dans ce nouvel ouvrage, Pierre Béhar, professeur de civilisation et de lettres germaniques à l’Université de la Sarre, poursuit et approfondit la réflexion qu’il avait entamée dans L’Autriche-Hongrie, idée d’avenir, paru en 1991. Aujourd’hui, pense-t-il, l’Europe voit s’ouvrir une longue période de restructuration, prélude à un âge de stabilité tel qu’elle en avait connu traditionnellement tous les demi-siècles (1492-1521, 1589-1618, 1689-1718, 1789-1815, 1890-1919). Le reflux de l’empire russe présente de fortes analogies avec celui de l’Empire ottoman en 1919. Lire la suite
Des conférences qu’il donna à la Queen’s University de Belfast en 1985, le fameux historien britannique a tiré ce fort intéressant ouvrage qui enrichit de manière fort opportune le débat actuel sur les identités nationales, la montée des nationalismes et la grande Europe. Lire la suite
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