Faits et dires
• Il ne me semble pas souhaitable d’adhérer au projet de bouclier spatial antimissiles. Certes le volet « alerte précoce » de ce programme peut paraître intéressant : outre que ses capacités sont limitées par des contraintes techniques, il présente le risque inacceptable de relancer la course aux armements et de militariser l’espace, allant ainsi à contre-courant des efforts de désarmement.
M. Bérégovoy, Premier ministre, à Paris, le 1er octobre 1992
• Nous avons la volonté, avec d’autres pays, en particulier l’Allemagne, de poursuivre nos efforts et de faire de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) l’instrument de la politique de défense de l’Union européenne… Une démarche préalable consisterait sans doute à rapprocher les points de vue des deux puissances nucléaires de la Communauté : la Grande-Bretagne et la France.
M. Bérégovoy, ibidem.
• Il me semble que la relation entre la France et l’Otan évoluera à terme d’autant plus aisément que l’Organisation atlantique aura engagé une vraie mutation. Il ne saurait être question d’un retour dans les structures militaires intégrées. Pourquoi, en revanche, ne pas concevoir que la France participe davantage qu’hier aux discussions politico-militaires ? Concrètement, la France doit être présente dans les enceintes de décision ou d’échanges, où s’organise la gestion des crises du présent et où s’élaborera notre sécurité future.
M. Pierre Joxe, ministre de la Défense, le 29 septembre 1992
• Succédant à l’état-major de l’actuelle 1re Armée, c’est à Metz que sera installé dès juillet prochain l’État-major interarmées chargé de planifier les actions militaires que la France serait susceptible de mener en Europe en cas de crise.
• Dès l’été prochain une brigade de renseignement et de guerre électronique devrait être opérationnelle en vue d’écouter et de brouiller éventuellement les émissions adverses.
M. Pierre Joxe à Dieuze (Moselle), le 9 octobre 1992
• Dans le projet de budget du ministère de la Défense, les crédits d’équipement accusent une baisse de 11,5 % de la part consacrée à la dissuasion nucléaire, tandis que celle affectée au renseignement et au spatial est en hausse de 13 %, ce qui bénéficiera particulièrement aux programmes Hélios, Syracuse et Osiris. Les crédits pour les études et recherches progressent de 6 %. Il n’en reste pas moins que ce budget n’obtient qu’une augmentation de 1,35 % par rapport à celui de 1992 et qu’il prévoit la suppression de 22 400 emplois.
• Le 19 octobre 1992, le président Boris Eltsine a décrété une prolongation de huit mois du moratoire sur les essais nucléaires, décidé en octobre 1991. Il sera prolongé si les puissances nucléaires suivent l’exemple de Moscou. Comme les États-Unis ont eux-mêmes suspendu leurs expérimentations, la France pourrait elle-même reconduire son arrêt des essais. La décision ne serait prise qu’au début de l’an prochain.
• Le moratoire que prolonge Moscou sur ses expérimentations nucléaires, pour des raisons financières, satisfait sans doute les opinions publiques, mais à Washington on s’inquiète des ventes d’armes effectuées par la Russie (toujours pour des considérations financières) à la Chine ou à d’autres pays que le Pentagone ne mentionne pas. Un expert américain a expliqué au New York Times que Pékin ne pouvait se procurer des armements de haute technologie auprès d’autres fournisseurs. Il y a donc un risque de prolifération nucléaire en fonction d’intérêts complémentaires. ♦