L'Inde a procédé à sa première expérience nucléaire le 16 mai, et elle est ainsi devenue le 6e membre du « Club atomique », limité jusqu’ici aux membres permanents du Conseil de sécurité. L'événement revêt une importance majeure. Il a été salué comme tel par l'ensemble des formations politiques indiennes. L'autorité du gouvernement de Mme Gandhi s'en trouvera-t-elle renforcée ? L'opposition se montrera-t-elle moins harcelante dans les mois à venir, qui correspondent à la période, toujours difficile, de la « soudure » alimentaire ?
En réalité – et c'est ce qui a été exposé dans un premier article – la crise de confiance que connaît le pouvoir en Inde est trop sérieuse pour qu’un succès technique même considérable, certainement très flatteur pour l'amour-propre national, permette de surmonter aisément le désenchantement et le scepticisme qui s'expriment aujourd'hui avec beaucoup de force. Sans doute l'opposition n'a-t-elle aucune solution de rechange à proposer au parti dominant, malgré les efforts de regroupement que poursuivent plusieurs partis dont les assises sont essentiellement régionales. Mais précisément — et c'est bien en cela que la crise actuelle est fort inquiétante — le Congrès ne parait plus être lui-même en mesure de répondre aux espoirs de rajeunissement que la scission intervenue en 1969 avait soulevés. Peut-on, il est vrai, en Inde, faire mieux que le parti de l'Indépendance, à savoir canaliser — parfois avec un réel brio — les forces extraordinairement complexes qui s exercent à tous les niveaux de la société et de la vie politique ?