Afrique - L'Angola dans l'impasse
L’émergence de pratiques démocratiques en Afrique noire se heurte dans la plupart des pays aux manœuvres de l’ancien parti unique, naguère encore omnipotent et garant de la légitimité du chef de l’État. Elle pâtit aussi de l’indifférence dans laquelle sont confinés aussi bien les ethnies que les courants religieux. À la longue, d’habiles tractations peuvent laisser espérer l’implantation de systèmes démocratiques. Il n’en va pas de même dans les États qui sortent de guerres civiles prolongées. Celles-ci ont divisé le pays en zones plus ou moins étanches soumises à la sujétion armée de l’un ou l’autre clan. On le constate au Tchad, en Éthiopie, et l’Angola vient d’en offrir l’éclatant spectacle.
Lors de son accession à l’indépendance, le 11 novembre 1975, l’Angola ne disposait que de faibles forces de sécurité laissées par le Portugal. Quatre ans plus tard, son armée était devenue la quatrième du continent et se situait, dans la région, aussitôt derrière celle de l’Afrique du Sud. Cette militarisation fort rapide fut la conséquence de la victoire du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), objet d’un intérêt tout particulier de l’URSS qui entendait faire de l’Angola sa tête de pont en vue de déstabiliser l’Afrique du Sud. Moscou cherchait ainsi à ôter à l’Occident les richesses naturelles d’Afrique australe et la maîtrise de la route maritime du Cap. L’arrivée au pouvoir du MPLA lui en offrait l’occasion, d’autant plus qu’elle constituait un échec pour les États-Unis qui soutenaient le Front national de libération de l’Angola (FNLA) de Holden Roberto, alors que Pretoria avait envoyé un corps expéditionnaire aux côtés de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) de Jonas Savimbi.
Pour faire obstacle à ces deux derniers mouvements, Moscou dut faire appel non seulement à l’assistance d’experts est-allemands, à l’aide intensive de la Roumanie et de la Tchécoslovaquie, mais encore à un fort contingent cubain. L’Angola devenait dès lors le champ clos de l’affrontement Est-Ouest dans la région. Par une habile diplomatie, le président Agostinho Neto put un moment desserrer l’étau en se réconciliant avec le maréchal Mobutu, qui supprima l’appui du Zaïre au FNLA qui devait alors rapidement s’affaiblir. Il ne put cependant opérer de même au détriment de l’UNITA, qui finit par tenir les deux tiers du pays grâce aux qualités militaires de son chef, véritable condottiere.
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