Armée de terre - Les réserves
Les profondes modifications que connaît l’Armée de terre, comme l’évolution du format de nos forces ou la participation croissante des armées au règlement des crises pour ne citer que celles-ci, imposent de redéfinir dès maintenant le rôle des personnels de réserve, les conditions de mise sur pied et d’emploi des unités (parmi lesquelles les unités de réserve).
Composantes de l’Armée de terre
Les réserves ont leur place dans le projet de l’Armée de terre qui sera composée, à l’horizon 1997, de deux ensembles de forces : celles du corps de manœuvre dont une partie, notamment active, devra pouvoir être projetée sans délais et celles en posture permanente. Les forces du corps de manœuvre comprennent le corps d’armée, la Force d’action rapide (FAR), le Corps européen (Eurocorps) et leurs appuis et soutiens. Les forces en posture permanente, quant à elles, rassembleront les forces outre-mer, nucléaires et de défense du territoire, ainsi que les éléments du commandement, de la formation, du soutien et des participations hors Armée de terre.
Place des personnels de réserve
Dans tous ces ensembles, la place des personnels de réserve sera essentielle en cas de montée en puissance du dispositif ; 100 000 d’entre eux compléteront les formations d’active, 70 000 seront affectés dans celles de réserve. Ainsi nous avons besoin de 200 000 réservistes, dont 30 000 pour majoration de rappel.
Une Armée de terre composée de personnels d’active (professionnels et appelés) et de réserve, unique – totale pour reprendre le terme américain ou canadien –, est ainsi nécessaire pour faire face à tous les scénarios envisagés. Si les réserves jouent un rôle essentiel dans la montée en puissance de cette armée « totale », elles sont nécessaires aussi, en partie, dès la crise. C’est pourquoi des dispositions législatives ont dû être prises le 4 janvier 1993 pour répondre à cet impératif né de l’évolution du contexte géostratégique banalisant en quelque sorte la notion de crise.
Place des régiments de réserve
En 1990, on dénombrait 110 régiments de réserve, mais ceux-ci étaient d’importance inégale – les effectifs de certains étaient inférieurs à 200 – et disposaient d’équipements dont certains dépassés (155 BF-50, mortiers de 120 lisses ; 75 SR, postes de deuxième génération). En outre, la ressource en personnels qualifiés sur ces matériels était insuffisante et leur taux d’encadrement restait faible. Il fallait donc remédier à cette situation. À l’horizon 1998, il est prévu de maintenir 70 régiments de réserve aux structures régimentaires plus homogènes, bénéficiant d’un très fort taux d’encadrement (supérieur à 30 % et même parfois atteignant 50 %) et disposant d’équipements adaptés aux missions.
Cependant, des dissolutions de formations de réserve étaient inéluctables pour avoir une meilleure cohérence « missions-hommes-équipements ». En effet, l’obsolescence de certains matériels, les insuffisances d’équipements, notamment dans les régiments de transport, n’étaient plus acceptables pour les engagements du futur. De plus, la nécessité de réorganiser les structures s’imposait, car certaines formations de réserve alignaient des effectifs nettement insuffisants. Il fallait donc augmenter ces derniers pour être plus compétitif et plus opérationnel.
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Ainsi, maintenant, nous pouvons nous tourner vers l’avenir avec un projet Armée de terre 1997-1998 pour ses composantes active et réserve. Au-delà des années 1997-1998, si la révision de la loi de programmation nous impose quelques évolutions, nous pourrons mieux les conduire.
Aujourd’hui, la maquette « guerre » de l’Armée de terre est pratiquement achevée. Tel était d’ailleurs l’objectif principal des récents séminaires « montée en puissance » qui se sont déroulés en octobre et novembre derniers, au cours desquels ont également pu être lancées les bases d’une nouvelle montée en puissance des forces. Des travaux intenses se poursuivent donc à l’État-major de l’Armée de terre (EMAT), dans les circonscriptions militaires de défense et les directions centrales. ♦