Politique et diplomatie - Chypre : données et questions
En politique, comme en tout autre domaine, « l’acte manqué », a fortiori l’acte qui produit l’effet inverse de celui qui était recherché, doivent faire l’objet d’une analyse minutieuse qui toujours se révèle instructive. L’acte « absurde » en politique s’explique-t-il par une fausse appréciation de la situation et par une incapacité de prévoir ; par le fait « qu’on ne pouvait faire autrement » ou par une manipulation de l’extérieur ?
À cet égard, l’affaire de Chypre, telle qu’elle a évolué au cours de l’été 1974, constitue un sujet d’étude d’une richesse exceptionnelle. On y trouve en effet rassemblées, comme dans un microcosme, toutes les données qui interviennent dans les relations internationales contemporaines. L’affaire de Chypre doit être envisagée sous l’angle historique, juridique, sociologique, politique et stratégique. L’interaction des facteurs internes et internationaux y est particulièrement évidente. On peut y voir un problème de décolonisation, un conflit interne interethnique entre deux communautés, que séparent la langue, la religion, la situation économique ; un conflit interétatique de type traditionnel… Sur le plan juridique, on a affaire à un cas de « souveraineté limitée » par traité : trois puissances, la Grande-Bretagne, la Grèce et la Turquie garantissant le respect des institutions chypriotes. De ce fait, Chypre ne jouit pas au même titre que les autres États membres du droit d’autodétermination reconnu par la Charte.
Pour essayer de comprendre ce qui s’est produit cet été et poser les questions qui méritent de l’être, quelques-uns des éléments de la situation doivent être rappelés.
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