Marine - L'entretien « flotte » aujourd'hui
L’entretien de la flotte recouvre l’ensemble des opérations industrielles destinées à maintenir, améliorer ou redonner leurs capacités aux unités navigantes de la Marine. Il doit donc être adapté aux interventions programmées, mais aussi pouvoir faire face aux événements imprévus.
L’entretien de la flotte est d’abord assuré par les équipages. En effet, les marins qui conduisent les installations assurent également les maintenances préventive et corrective indispensables pendant les phases d’activité, mais apportent aussi leur contribution pendant les périodes d’indisponibilité pour entretien. Les opérations qui dépassent les moyens des bâtiments sont confiées soit aux organismes réparateurs de la Marine que sont les ateliers militaires de la flotte, soit, pour les plus délicates et les plus lourdes, aux services industriels de la Direction des constructions navales (DCN). En ce qui concerne l’entretien et la réparation des éléments de forces maritimes, le Chef d’état-major de la Marine (CEMM) a autorité directe sur la DCN.
Deux impératifs antagonistes
Construire et conserver une marine s’inscrit dans la durée et implique :
– La conservation dit patrimoine naval, où figurent des unités de conception ancienne dont la disponibilité doit être maintenue au plus haut niveau tant que les unités nouvelles, et destinées à les remplacer, ne sont pas admises au service actif (ASA). Cela conduit à maintenir un « savoir-faire » au profit d’un nombre restreint d’équipements spécifiques dont les lots initiaux de rechanges ont souvent été consommés. Des relances de fabrication de faibles quantités ou des opérations de fiabilisation se révèlent indispensables. Des modernisations à mi-vie pour adapter les installations et en particulier les systèmes d’armes aux nouvelles menaces, sont à prévoir.
– L’adaptation des moyens, matériels et humains, à des unités modernes, dotées d’équipements de technologies de pointe exigeantes dont les coûts de possession doivent être confrontés à l’expérience.
Ces deux impératifs ont pour effet d’augmenter les dépenses d’entretien de la flotte en service où coexistent des unités les plus performantes et des bâtiments de plus de 30 ans d’âge.
Au-delà de la satisfaction des besoins opérationnels et du maintien de la disponibilité, l’adaptation des éléments de forces maritimes procède également du souci de protection de l’environnement.
Entretien flotte et protection de l’environnement
La protection de l’environnement figure en effet parmi les orientations générales de la Marine. Ce souci, inscrit dans les faits bien avant qu’il ne soit réglementé, se traduit par l’adaptation permanente des bâtiments aux nouvelles normes. Au-delà du fait nucléaire pris en compte dès sa mise en œuvre, cet effort concerne actuellement :
— L’équipement des bâtiments en dispositif de traitement des déchets solides et de rétention des effluents liquides en application des dispositions de la convention [internationale pour la prévention de la pollution par les navires] Marpol ; bien que cette dernière exempte les bâtiments de guerre des obligations qu’elle comporte, la Marine estime en effet qu’un effort particulier doit être réalisé pour la protection de l’environnement maritime dans la mesure compatible avec ses ressources budgétaires.
— S’agissant de la réglementation communautaire relative à la protection de la couche d’ozone stratosphérique, la mise en œuvre, et ce dès 1993, des mesures nécessaires pour éviter tout dégagement dans l’atmosphère de chlorofluorocarbures.
— L’étude des moyens de mettre un terme à certaines pollutions particularisées telles que celles qui résultent de l’emploi des peintures de coque à base de tributylétain.
Les ressources budgétaires
Le financement de l’entretien programmé du matériel est assuré conjointement par le Titre III et le Titre V. Les économies sur le fonctionnement, qui n’ont pas épargné la défense, ont conduit d’une part à diminuer les crédits de l’Entretien programmé du matériel (EPM) au Titre III et d’autre part à effectuer un transfert de charges vers le Titre V. Ce transfert sera supporté en prélevant une dotation complémentaire de reports de crédits.
L’entretien des aéronefs a subi également de notables restrictions et la marine étudie le retrait de service de certains de ses appareils de servitude les plus anciens ; cette mesure s’impose sous peine de ne plus être capable d’assurer les visites indispensables ou de diminuer la disponibilité des avions de combat.
L’expérience a montré que les impasses consenties dans le domaine de l’EPM en activité courante ne sont plus admissibles en opérations réelles. Or les opérations extérieures impliquent de plus en plus les forces aéronavales. Dans ces conditions, le dépassement de l’activité par rapport aux prévisions entraîne des besoins supplémentaires d’entretien qui ne sont malheureusement pas totalement pris en compte au moment des collectifs budgétaires.
Un défi pour l’avenir
En dépit de ces difficultés, il convient de souligner l’effort particulier qui continue d’être mené sur l’entretien des bâtiments de la flotte. Cet effort global, volontariste et constant, paraît indispensable en raison de l’augmentation des besoins provoquée par le vieillissement de la flotte et l’entrée en service de nouveaux bâtiments, coûteux en entretien en raison de leur complexité, notamment les sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire. ♦