Décembre 1994 - n° 559

Défense et sécurité intérieure

Il n’y a guère de semaine sans que gendarmes mobiles et CRS fassent — contre leur gré et souvent à leurs dépens — la une de l’actualité médiatique, lorsque, casqués et équipés de boucliers, de matraques et de fusils lançant des grenades lacrymogènes, ils sont l’un des acteurs de cet événement aujourd’hui à la fois exceptionnel et ordinaire qu’est la manifestation de rue. Nos concitoyens ont, il est vrai, un goût assez prononcé pour ce mode d’expression des opinions et des revendications. Comme l’a montré Charles Tilly (1), manifester fait traditionnellement partie — au même titre que déclencher ou faire la grève, fonder ou s’affilier à une association, tenir une réunion électorale ou y participer — du répertoire d’actions collectives des Français, c’est-à-dire qu’il s’agit là d’un moyen public et sporadique d’agir en commun sur la base d’intérêts partagés. Lire les premières lignes

  p. 5-14

La fin d'une menace étrangère clairement identifiée n'est-elle pas de nature à ramener l'idée, qui fut naguère celle de quelques militaires, selon laquelle existerait en France « un adversaire intérieur » nouvelle manière ? Nous avons demandé au colonel (er) Jean-Louis Dufour, spécialisé dans l'étude des crises et des conflits contemporains, auteur, en collaboration avec Maurice Vaïsse, de La guerre au XXe siècle (Hachette, 1993), de nous livrer le fruit de ses réflexions sur les rapports quelque peu nouveaux existant entre les armées d'aujourd'hui, le maintien de l'ordre et la lutte contre le banditisme. Lire les premières lignes

  p. 15-26

L'auteur, ancien préfet d'Ille-et-Vilaine, de la région Bretagne et de la zone de défense Ouest, ancien directeur général de la Police nationale et actuel directeur du cabinet du ministre d'État, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, nous présente de façon très approfondie le projet de loi d'orientation et de programmation relatif à la sécurité publique.

  p. 27-37
  p. 39-43

Repères - Opinions - Débats

L'auteur, conseiller auprès du ministre d'État, ministre de la Défense, maître de conférences à l'Institut des sciences politiques de Paris et au Collège interarmées de défense (CID), aborde ses réflexions sur les économies de guerre dans les conflits de faible intensité, objet d'un groupe de travail qu'il préside au sein de la Fondation pour les études de défense (FED). À cette occasion, les lecteurs pourront retrouver des arguments qui ont été cités dans l'article sur les Khmers rouges de juillet 1994Lire les premières lignes

  p. 45-61

En accroissant considérablement l'influence de cet acteur qu'est l'opinion publique, l'information de masse apporte un bouleversement sans précédent dans les relations internationales. L'auteur, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, effectue actuellement son Service national à la direction de l'évaluation et de la documentation stratégiques du Secrétariat général de la défense nationale (SGDN). Les idées émises dans ce texte n'engagent que la responsabilité de son auteur.

  p. 63-70

Tenant compte des opérations menées récemment et actuellement par les armées françaises, ainsi que de son immense expérience personnelle, l'auteur, médecin général inspecteur et ancien directeur central du Service de santé des armées (SSA), nous fait part de ses réflexions sur l'évolution, qu'il estime nécessaire, du SSA, sujet rarement abordé dans notre revue.

  p. 71-83

Depuis que la situation géostratégique mondiale a changé, avec la quasi-disparition d'un danger venant de l'Est et l'apparition de bien d'autres menaces plus localisées ou plus diffuses, les « dividendes de la paix » n'appartiennent plus guère au vocabulaire à la mode. Toutefois, les industries de défense, même si elles ne sont donc pas destinées à disparaître, nécessitaient une nouvelle réflexion : un groupe de stratégie industrielle, créé par le commissariat général du Plan, en a été chargé. L'auteur nous en livre une synthèse.

  p. 85-97

En cet automne 1994, la ratification difficile du traité de Maastricht sur l’Union européenne s’éloignant, les débats sur celle-ci et son avenir se réveillent. Déjà se rapproche l’échéance de la Conférence intergouvernementale de 1996 qui, selon le traité, doit procéder à une mise à plat de tous les aspects de l’Union. Dans cette perspective, des thèmes émergent. Il s’agit, d’abord, de celui de l’Europe à géométrie variable ou à plusieurs vitesses. Telle est la problématique du document du groupe parlementaire CDU-CSU, Réflexions sur la politique européenne de septembre 1994, qui donne bien le coup d’envoi aux discussions : « Les institutions de l’Union doivent être développées de manière à atteindre une élasticité capable de compenser les tensions inhérentes à une communauté s’étendant du cap Nord à Gibraltar et une différenciation suffisante pour tenir compte des capacités (et volontés) d’intégration différentes des pays ». Lire les premières lignes

  p. 99-106

L'auteur, professeur à la Sorbonne, spécialiste reconnu des questions d'outre-Rhin, a depuis de nombreuses années été notre analyste des élections en Allemagne. Il nous livre à nouveau ses réflexions sur les dernières élections qui se sont déroulées dans un pays désormais unifié, et qui ont vu la victoire du parti du chancelier Helmut Kohl, pourtant donné vaincu auparavant.

  p. 107-114

Les événements qui se déroulent en Haïti et l'effondrement accéléré de Cuba justifiaient la publication d'un article de synthèse sur cet ensemble que forment les Grandes Antilles.

  p. 115-127

L'affaire des Spratley, qui oppose en mer de Chine du Sud le Vietnam, la Chine, la Malaisie, les Philippines, Brunei et Taiwan, a été évoquée à plusieurs reprises par l'auteur (« Les tensions en mer de Chine du Sud », février 1988 et « Les ambitions maritimes de la Chine », février 1994). En outre, les ambitieux programmes d'armements des pays de la région n'inclinent guère à l'optimisme. L'auteur fait le point de la question après les dernières réunions la concernant.

  p. 129-136

L'auteur, spécialiste du Maghreb, nous informe régulièrement de l'évolution de la situation dans cette région. En août-septembre 1993, il avait traité de l'Algérie et des événements qui assombrissaient son avenir. Ici, il fait le point de la situation de ce pays, alors que les assassinats s'y multiplient et que son économie s'effondre.

  p. 137-151

En novembre 1993, l'auteur, docteur en sciences politiques et spécialiste des questions proche-orientales et africaines, nous avait présenté la nouvelle institution destinée à prévenir et régler les conflits en Afrique. Plus d'un an après cette création, il fait le bilan des actions de ce mécanisme : ses appréciations, nuancées, l'engagent seul.

  p. 153-166

Chroniques

  p. 167-174

Servant au sein des forces, les militaires appelés de l’Armée de terre font l’objet d’un effort particulier de formation d’autant plus nécessaire que la ressource du Service national ne permet pas d’honorer les besoins des unités dans toutes les spécialités. La réduction du service à dix mois, conjuguée avec l’arrivée des systèmes d’armes de haute technologie, met en évidence l’importance de l’investissement consenti pour la formation des personnels. À titre d’exemple, il faut plus de quatre mois pour former, dans sa spécialité, un conducteur d’engin de terrassement du Génie. Lire la suite

  p. 175-176

L’entretien de la flotte recouvre l’ensemble des opérations industrielles destinées à maintenir, améliorer ou redonner leurs capacités aux unités navigantes de la Marine. Il doit donc être adapté aux interventions programmées, mais aussi pouvoir faire face aux événements imprévus. Lire la suite

  p. 177-178
  p. 179-182
  p. 183-186
  p. 187-191

Bibliographie

Bruno Tertrais : L’arme nucléaire après la guerre froide  ; Éditions Économica, 1994 ; 274 pages - Marcel Duval

Voici un livre a priori fort intéressant, puisqu’il se propose d’examiner quel pourrait être le rôle de l’arme nucléaire dans le nouvel environnement international, comment les évolutions technologiques en cours pourront transformer les conditions d’exercice de la dissuasion, et dans quelle mesure celle-ci pourrait jouer vis-à-vis des nouvelles puissances nucléaires. À toutes ces questions, il apporte des éléments de réponse, basés sur une très solide documentation, avant d’analyser la place que pourrait occuper le nucléaire dans la sécurité de l’Europe, ainsi que les voies et moyens possibles d’une éventuelle dissuasion européenne. Publié dans la collection « Stratégies et technologies », qui réunit les ouvrages du Centre de recherches et d’études sur les stratégies (Crest) de l’École polytechnique, et que dirige Yves Boyer, son auteur est Bruno Tertrais, qui a été directeur de la commission des affaires civiles à l’Assemblée de l’Atlantique Nord et est maintenant chargé de mission à la Délégation aux affaires stratégiques (DAS) du ministère de la Défense. Lire la suite

  p. 192-195

Taslima Nasreen / Taslima Nasreen : Lajja / Femmes manifestez-vous  ; Stock, 1994 ; 287 pages / Éditions des femmes, 1994 ; 106 pages - Claude Le Borgne

C’est encore de l’Inde (ou de ses franges), dont nous faisons bien facilement le pays de la non-violence, que nous vient le scandale ; non pas celui que créerait un nouvel écrivain provocant, mais la folie furieuse que celui-ci déclenche chez les attardés de l’islam. Après Salman Rushdie (1), Indien d’origine cloué au pilori, voici Taslima Nasreen, réfugiée du Bangladesh. La comparaison, pourtant, ne saurait être poussée très loin : Rushdie est citoyen britannique, Nasreen fort attachée à son Bengale natal ; le premier est auteur de talent, la seconde se dit elle-même, dans la lettre qu’elle a adressée, dans les circonstances que l’on sait, à notre Bernard Pivot, « modeste écrivain » ; Salman Rushdie est un provocateur, dont la provocation érudite se cache sous la fiction, Taslima Nasreen milite très ouvertement pour l’indifférence religieuse et les droits des femmes ; l’auteur des Versets sataniques a déclenché les foudres de l’imam Khomeyni, l’auteur de Lajja les « fatwas » mal assurées de groupements islamistes locaux. Reste que le courage dont a fait preuve, depuis plusieurs années, Taslima Nasreen en son combat mérite l’hommage contrarié qu’on lui a rendu en France à l’occasion de la publication chez nous de deux de ses ouvrages. Lire la suite

  p. 195-197

Marie-Hélène Labbé : L’arme économique dans les relations internationales  ; Puf, 1994 ; 128 pages - Pierre Morisot

« Forme médiane et souple de pression, entre les protestations diplomatiques, nécessairement limitées, et l’action militaire, toujours périlleuse », tout est dit ou presque en cette heureuse formule qui ouvre ce petit livre, clair, enlevé et vite lu malgré sa densité. Lire la suite

  p. 197-198

Henri Prévot : La France : économie, sécurité  ; Éditions Pluriel-Hachette, 1994 ; 276 pages - Michel Klen

L’effondrement de l’empire soviétique, la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide semblaient avoir ouvert une nouvelle ère de paix mondiale dont les grandes puissances non communistes (États-Unis, Japon, Europe de l’Ouest) pouvaient immédiatement tirer, concernant leur sécurité, les « dividendes ». Le triomphe de la démocratie libérale à l’occidentale était censé fournir à la planète entière le modèle capable d’apporter à tout État qui voudrait bien s’en inspirer la solution de ses problèmes intérieurs. À ces certitudes politiques se sont ajoutées des convictions économiques qui se sont appuyées sur la supériorité écrasante des systèmes libéraux sur les systèmes socialistes et ont trouvé leur couronnement dans l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) sur la circulation des marchandises et la libre concurrence. Lire la suite

  p. 198-199

Robert Genty : Ultimes recours pour Diên Biên Phu, 1953-1954  ; L’Harmattan, 1994 ; 159 pages - Michel Klen

De nombreux ouvrages ont été écrits sur la bataille de Diên Bien Phu. Toutefois, le livre de Robert Genty présente un caractère original et exceptionnel, car il révèle un aspect de la guerre d’Indochine qui est resté secret pendant quarante ans. Cet ancien colonel de l’Armée de l’air, affecté en 1954 au Comité d’action scientifique de défense nationale (CASDN) fut en effet chargé par le général Navarre, commandant le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, de trouver des méthodes révolutionnaires pour tenter de sauver une situation désespérée. D’une manière extrêmement vivante et détaillée, l’auteur nous explique comment il réalisa des opérations de « pluie provoquée » sur la périphérie de la tristement célèbre cuvette, afin de modifier la contexture des trous de bombes et de perturber ainsi le ravitaillement des troupes Viêt-Minh qui investissaient le camp retranché. Lire la suite

  p. 199-199

Revue Défense Nationale - Décembre 1994 - n° 559

Revue Défense Nationale - Décembre 1994 - n° 559

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

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