Liés par une association à caractère économique et culturel ⁽¹⁾, sept pays composent l’Asie du Sud du point de vue géopolitique : le Bangladesh (120 millions d’habitants), le Bhoutan (1,5 million), l’Inde (plus de 900 millions), les Maldives (200 000), le Népal (19 millions), le Pakistan (125 millions) et le Sri Lanka (18 millions). Elle est caractérisée par son unité physique (cette partie de l’Asie est souvent appelée « sous-continent indien ») et culturelle, par son poids démographique ⁽²⁾ ainsi que par sa militarisation ⁽³⁾, volets nucléaire et balistique compris.

Considéré sous l’angle des conflits, cet ensemble régional, qui est dominé par l’antagonisme indo-pakistanais, ne peut cependant pas être dissocié de son environnement. Il se situe en effet à la charnière de trois ensembles qui constituent, du moins pour New Delhi et Islamabad, un enjeu ou une menace : la Chine à l’est qui, en dépit du rapprochement sino-indien entamé en 1993, n’a pas réglé ses litiges frontaliers avec New Delhi, alors qu’Islamabad apprécie le resserrement de ses liens avec Pékin qui fournit des armes bon marché ; le monde musulman turcophone et persanophone à l’ouest (Iran, Afghanistan où aucun règlement rapide n’est en vue) et au nord (républiques d’Asie centrale convoitées pour des raisons économiques) ; l’Asie du Sud-Est, en particulier les pays qui contrôlent les détroits.

Une unité minée par des crises

L’Inde s’ouvre lentement à l’Occident. Même non abandonnée, la volonté expansionniste de New Delhi sur le pourtour de l’océan Indien et vers l’arc sud-est asiatique est aujourd’hui limitée par les difficultés économiques et la carence de l’assistance russe pour la fourniture de pièces détachées (70 % du matériel militaire indien est d’origine ex-soviétique). Il est par ailleurs intéressant de constater l’actuel rapprochement de New Delhi et de Hanoi, tous deux orphelins de la défunte URSS et également concernés par la menace chinoise.