Dans un précédent article, « Forces armées et dynamique de la paix », paru dans notre numéro de juillet, l'auteur, a évoqué la situation du chrétien face à la paix et à la guerre. Ce problème ne se sépare pas en fait de celui de l'Église et de la politique. Soulignant qu'il procède ici d'un point de vue essentiellement théologique, l'auteur vise à faire comprendre la démarche de l'Église à partir de l'intérieur de celle-ci, entendue non pas comme un appareil hiérarchique mais bien comme une communauté dynamique vivant de l'Évangile.
Les interventions de l'Église dans le domaine politique
Le point de vue auquel nous nous placerons dans le présent article sera essentiellement théologique : comment l’Église pense-t-elle — ou doit-elle penser — sa mission spécifique dans le domaine politique à la lumière de sa foi en Jésus-Christ ? En d’autres termes, ce que nous nous efforcerons de présenter, ce sera le point de vue de l’Église sur elle-même en ce qui concerne ce secteur capital de l’activité humaine. Naturellement, d’autres théologiens pourraient s’exprimer différemment de nous. Nous pensons, toutefois, qu’à propos de la question que nous allons étudier on parvient à un accord suffisant, même à travers des chemins différents, quand la démarche théologique est conduite d’une façon rigoureuse et cohérente, à partir des données fondamentales de la foi chrétienne. Ce n’est malheureusement pas le cas de certaines formulations actuelles, en dépit de leurs prétentions tapageuses de renouveler radicalement le débat, car elles veulent indûment politiser l’Église et dans un sens partisan, en s’appuyant sur des interprétations qui dénaturent la pensée et la pratique de Jésus-Christ et de l’Église apostolique.
Nous n’essaierons pas de justifier juridiquement le droit que l’Église revendique à la parole et à l’action même par rapport à la vie politique. Nous nous contenterons d’indiquer en passant le fondement sur lequel nous le construisons : celui des droits de l’homme. Du point de vue de la morale humaine fondamentale, reconnue et précisée notamment par la Déclaration universelle des droits de l’homme, la vie politique est l’affaire de tous. Chaque personne, chaque organisation, ont, en principe, le droit de s’y exprimer et d’y agir librement. Refuser, par exemple, à un évêque de se prononcer sur les problèmes militaires, ce serait pratiquement méconnaître ses droits de citoyen. En revanche, il est légitime de mettre en cause le contenu de sa prise de position si on l’estime discutable.
Notre but ne sera pas non plus de préciser comment les chrétiens sont appelés à assumer personnellement leurs responsabilités politiques à la lumière de leur foi : comme citoyens, militants ou dirigeants de partis politiques, titulaires de charges étatiques. Nous dirons seulement à ce sujet qu’ils ne sont pas authentiquement chrétiens si leur foi ne s’y perçoit pas comme concernée.
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