Aéronautique - Le swing role : de nouvelles perspectives pour les avions de défense aérienne
« La victoire ne peut désormais être obtenue que par l’aviation ». Cette parole du général Giulio Douhet en 1921 démontrait pour le moins de la part de son auteur une grande clairvoyance, que les conflits postérieurs n’ont jamais démentie. Dans les crises importantes qui ont vu le jour au cours des dernières années, la supériorité aérienne a été recherchée comme préalable à tout autre mouvement militaire. Instrument privilégié de toute gestion de crise, la puissance aérienne reste la démonstration la plus visible et la plus rapide de la volonté d’un gouvernement. Elle peut permettre de geler instantanément une situation par la menace qu’elle fait peser sur l’adversaire. Elle peut aussi à elle seule faire basculer un rapport de forces. Ainsi, les avions de chasse se trouvent-ils presque toujours en première ligne dès la phase initiale d’une crise.
En temps de crise comme en temps de guerre, la recherche de la supériorité aérienne et de la maîtrise du ciel impose la permanence de la veille et de la capacité de réaction. Traduite en moyens aériens, cette permanence engendre, selon les cas et la situation, l’alerte en vol 24 heures sur 24 d’AWACS (Système de détection et de commandement aéroporté) et d’avions de chasse, mais également d’autres capteurs, en particulier pour l’écoute et le renseignement. On devine alors le coût de cette exigence en nombre d’équipages, d’heures de vol, en fatigue des avions et de leur armement. Ainsi, du début août 1990 jusqu’à la fin des opérations au-dessus de l’Irak en avril 1991, AWACS et avions de chasse ont-ils assuré sans aucune interruption la couverture aérienne du ciel saoudien et du théâtre d’opérations. Aujourd’hui, c’est une situation identique qui prévaut au-dessus de la Bosnie.
Cette philosophie d’emploi des avions a été couronnée de succès, si l’on en juge par l’absence de réaction et la très faible activité de l’aviation de l’adversaire. L’effet dissuasif a donc joué pleinement, et c’est ainsi que, dans le Golfe comme en Bosnie, la supériorité aérienne a été gagnée dès l’engagement des Alliés. Ce préalable acquis, certes au prix lourd, le besoin est néanmoins apparu très tôt de disposer en permanence d’une capacité de réaction quasi instantanée pour répondre à des provocations éventuelles, voire même à des agressions qualifiées. Ainsi a-t-il fallu organiser une alerte en vol de moyens offensifs capables de conduire des attaques sur des objectifs au sol. Dans un souci d’économie des moyens, il a alors été décidé, lorsque cela était possible, de donner aux avions de combat en couverture aérienne la double capacité air-air et air-sol. Les Américains, qui disposent de chasseurs polyvalents, ont inauguré ce concept dans le Golfe ; ils l’ont baptisé Swing Role.
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