Au cours de cette année 1995, la Marine nationale procède au passage de son système informatisé de gestion du personnel militaire au système d’information et d’aide à la décision pour les ressources humaines (SIAD/RH). La mise en service de ce dernier est le résultat d’une démarche lancée en 1990 par la direction du personnel militaire de la Marine (DPMM). L’ancien système du centre informatique du personnel de la Marine (CIPM) a rendu d’excellents services pendant quinze ans, mais il est apparu inapte à satisfaire les besoins nouveaux.

La nécessité de sa modernisation et l’évolution des règlements et des organisations ont donc donné l’occasion de transformer le système centralisé en un moyen convivial et évolutif au profit de l’utilisateur. Constatant que l’offre en progiciels de gestion de ressources humaines disponibles « sur étagère » était inadaptée, ne couvrant qu’environ 30 % des fonctions recherchées, et trop liée à des choix techniques de fournisseurs propriétaires, il a été décidé à la fin de 1991 de lancer un développement spécial.

Les principaux objectifs consistent à reprendre, dans un premier temps, les principales fonctions de l’ancien système avec des solutions techniques modernes apportant une amélioration de la qualité du service offert et de l’efficacité des prises de décisions, tout en préservant les capacités d’évolution, ensuite à généraliser l’équipement des utilisateurs en postes de travail connectés, enfin à déconcentrer les traitements spécifiques près des utilisateurs potentiels, à harmoniser la gestion des officiers et des non-officiers ainsi que celle des personnels d’activé et de réserve. À moyen terme, le nouveau système devra être capable d’intégrer les évolutions fonctionnelles et techniques, d’assurer la cohérence des systèmes périphériques avec la base de données de référence, de proposer des moyens à caractère plus stratégique concernant les projections et l’analyse prévisionnelle.

L’expérience acquise avec le CIPM a permis de définir les principes généraux du système :

– une flexibilité structurelle des logiciels, autorisant de grandes possibilités d’évolution (réglementation, organisation…) ;
– une bonne réactivité, grâce à l’étendue des domaines pris en compte et à la convivialité des moyens ;
– une base de données communes de référence, mise à jour par les bureaux de l’échelon central pour les informations liées à la carrière du personnel et par une saisie unique à la source des données dans les unités, pour les informations de situation individuelle ;
– un décloisonnement de l’informatique de production et de la Bureautique par un modèle d’architecture client-serveur réunissant ces deux fonctions grâce à un poste de travail utilisateur banalisé ;
– une décentralisation de certains traitements et éditions au sein des bureaux de gestion militaire ou administrative ;
– des accès réservés aux données et aux applications avec un code personnalisé pour les ayants droit ;
– une stricte conformité aux règles édictées par la loi informatique et libertés ;
– une capacité standardisée d’échanges avec les systèmes d’information de certains organismes extérieurs et enfin une interopérabilité avec d’autres systèmes du ministère.

Le SIAD/RH permet la gestion de tout le personnel militaire de la Marine, qu’il soit d’active ou de réserve. Il couvre l’ensemble des domaines de la gestion des ressources humaines, depuis la candidature à une entrée dans la Marine par voie de concours ou d’engagement jusqu’à l’établissement de l’état général des services permettant la détermination des droits à pension. Il comprend des moyens de pilotage des effectifs budgétaires, d’élaboration des plans d’armement des unités et de définition des postes d’emploi. Il permet la gestion des carrières en traitant les affectations du personnel dans les unités, le suivi des liens et de la situation d’état civil, les candidatures aux cours et stages proposés par la marine. Il assure la gestion de l’avancement, des punitions et des récompenses, en tenant compte des notations et des bonifications obtenues, par le suivi des activités individuelles. Il traite aussi du versement et de la gestion dans la réserve. Il permet, par un module spécial, d’aider à la reconversion et à la réinsertion du personnel dans la vie civile. Aux applications logicielles de tenue à jour s’ajoutent des moyens d’exploration permettant tris, analyses ou statistiques sur toutes les données.

L’architecture générale client-serveur retenue pour le SIAD/RH comprend une base de référence des données nationales installée au centre de traitement de l’information des ressources humaines (CTIRH) au Fort Lamalgue à Toulon (site primaire), à laquelle sont reliés, via le réseau de transmission de données de la Marine (RTDM), des serveurs locaux regroupant les données des populations des organismes rattachés. Ces sites secondaires sont répartis sur diverses implantations de la Marine (bureaux, services, centres de formation, écoles, unités…) et desservent des postes de travail utilisateurs par un réseau local.

La base de référence du site primaire est mise à jour à partir des informations saisies et traitées dans les divers sites secondaires. Le site primaire joue ensuite le rôle d’un aiguilleur pour diffuser vers les sites secondaires les données qui les intéressent : cette recopie des informations validées vers les utilisateurs est appelée « réplication ».

Il existe trois principaux types d’organismes :

– les unités connectées à un serveur local et reliées au CTIRH via le RTDM, qui mettent à jour les informations concernant leur personnel sur la base du CTIRH, mais consultent les données localement ;
– les unités disposant d’un serveur local non relié en permanence au CTIRH (cas des unités navigantes), qui consultent et mettent à jour les données de leur personnel sur leur base locale, et dont l’alignement avec la base du CTIRH est effectué de façon différée ;
– les unités non équipées de serveur local, qui transmettent leurs mouvements par bordereaux informatisés (disquettes) au CTTRH et en reçoivent périodiquement des états mis à jour.

La réplication permet la recopie des modifications réalisées dans la base de référence du CTIRH sur les serveurs déployés en région, en fonction des populations gérées et des droits accordés aux divers organismes connectés. La ventilation des informations vers les divers abonnés destinataires est effectuée automatiquement à partir d’événements « déclencheurs », tels la désignation, le ralliement, la mise pour emploi… Les moyens alloués aux différentes autorités sont fonction de leurs prérogatives en gestion de personnel. Ils sont définis en droits d’accès correspondant aux populations concernées, aux applications et aux modes d’utilisation des moyens (capacités de mise à jour ou seulement de consultation). Les fonctions concernant la gestion de la réserve seront mises en place après la reprise des données associées à ce personnel. L’architecture très ouverte du SIAD/RH autorise, à l’avenir, le développement de nouvelles applications exigeant une cohérence vis-à-vis du système réglementaire. En outre, la gestion des carrières doit dépasser la notion de suivi pour aboutir à une meilleure anticipation par une gestion prévisionnelle des effectifs, des postes, des emplois, et une fonction de pilotage des politiques de recrutement ou de formation par exemple.

La volonté de désigner le meilleur homme disponible possible pour un poste donné, tout en administrant l’individu au mieux au sens de ses droits, de sa carrière et de sa formation, nécessite une connaissance fine de ses compétences, de ses desiderata et de son expérience. La DPMM se dote, avec le SIAD/RH, d’un système moderne et évolutif de qualité conçu comme une aide à la décision des gestionnaires.

Comme pour tout système nouveau, une phase de mise au point et d’optimisation est engagée et s’étendra sur tout le cycle de gestion pour couvrir les fonctions à caractère périodique. Elle correspond aussi à une phase d’apprentissage par les utilisateurs et peut permettre l’implantation d’une nouvelle organisation plus efficace. Le SIAD/RH est un système d’information entièrement aux mains des utilisateurs. Si la mise en place des moyens et le bon fonctionnement technique du système reviennent au bureau « système d’information » et au CTIRH, la validité des données est une responsabilité des utilisateurs « propriétaires », et c’est leur tenue à jour rigoureuse qui permettra aux gestionnaires de piloter les ressources humaines de la Marine. ♦