Le Simat s'annonce comme le premier système global et cohérent d'information de la maintenance de l'Armée de terre. Il prend en compte les besoins de l'ensemble des acteurs concernés, de l'industriel au corps de troupes.
Armée de terre - Le Système d'information de la maintenance de l'Armée de terre (Simat) : une conception globale de la maintenance
L’arme du matériel dispose actuellement du système informatique Sigma : système intégré de gestion du matériel. De conception ancienne, il doit être modernisé, complété et étendu à l’ensemble des fonctions et des acteurs de la maintenance, de l’industriel au corps de troupe. Il doit également être projetable en tout lieu et en tout temps et être interopérable avec les autres armées (marine, air et alliés). C’est dans cette optique qu’a été pensé le système d’information de la maintenance de l’armée de terre : Simat.
Les trois impératifs auxquels le Simat se doit de répondre sont « globalité et cohérence », « capacité d’accueil des nouveaux systèmes d’armes » et « optimisation économique et évaluation du coût global de la maintenance ».
Une base d’informations unique
L’orientation novatrice essentielle du Simat est la constitution d’un référentiel unique d’informations, pouvant servir à la totalité des acteurs (état-major, organismes centraux, unités du matériel, régiments des forces). Il regroupe des informations qui étaient jusqu’à présent dispersées (liste des articles de ravitaillement, liste d’approvisionnement initial, liste des interventions préventives et correctives, manuel de maintenance et catalogue illustré).
Le référentiel regroupe la totalité des données logistiques de référence des matériels. Un système gérant la description de ces derniers sous forme de niveaux successifs (arborescences) permet le suivi des variantes et des différentes versions. Les articles de rechange sont codifiés par un numéro de nomenclature Otan (NNO) ou par un numéro de gestion interne (NGI) propre à l’arme du matériel. Les composants sont identifiés par la référence du fabricant et peuvent être liés aux rechanges. Dans les deux cas, des indications sur leur comptabilité avec les différents matériels référencés sont disponibles. Au terme d’un programme d’armement, tous les composants susceptibles d’être approvisionnés doivent être codifiés NNO ou NGI.
Aux arborescences contenues dans le référentiel sont rattachées des gammes opératoires, listes ordonnées d’opérations et de tâches à effectuer pour chaque opération de maintenance concernant un matériel à entretenir. L’analyse des informations descriptives sur les défaillances enregistrées suite à des interventions techniques permet la mise à jour de celles-ci.
Une gestion optimale du référentiel
Le référentiel est une base de données commune aux industriels et à l’armée de terre via la délégation générale pour l’armement (DGA) pour les programmes dont cette dernière a la responsabilité. Le respect des spécifications Simat (13882B, AECMA 2000M…) garantit l’acquisition des données externes à l’armée de terre et permet d’effectuer automatiquement les contrôles de cohérence avant leur intégration.
Divers événements peuvent être à l’origine d’une mise à jour du référentiel : évolution ou modification d’un matériel, identification et codification des articles de rechange et des matériels complets, résultats d’analyse des données d’exploitation… Ces mises à jour peuvent être effectuées directement dans le Simat par certains acteurs de la maintenance. Cela permet de conserver un référentiel conforme au parc à soutenir et assure la réactivité pour ce qui concerne la prise en compte du retour d’expérience.
La mise à disposition des informations du référentiel est filtrée par des règles d’accès selon le profil des utilisateurs, le type d’information (gammes opératoires, arborescences, données de fiabilité…) et les systèmes d’armes concernés. Les demandes et fournitures d’informations provenant des acteurs extérieurs au Simat sont gérées.
Vers une documentation électronique
La complexité croissante des matériels se traduit par une augmentation significative du volume de leur documentation technique. Cette dernière doit de plus être tenue rigoureusement à jour, prendre en compte chacune des configurations et être accessible à l’ensemble des acteurs de la maintenance.
Le Simat fixe les caractéristiques de la structure de la documentation. En s’y conformant, les industriels fourniront une documentation directement exploitable par les utilisateurs à partir des postes de consultation, dont la mise à jour pourra être centralisée. La documentation technique déjà existante sous d’autres formats pourra également être prise en compte si sa nécessité, sous format électronique, est démontrée.
La connaissance du parc de matériels
La gestion de configuration individuelle mise en œuvre dans le Simat s’appuie sur les arborescences logistiques des matériels. Elle permet de conserver, pour un matériel donné immatriculé ou identifié par son numéro de série, des informations individuelles sur certains de ses composants. Les niveaux de gestion concernent : le numéro de série de l’article, le numéro de lot de fabrication, la référence du fabricant et/ou le numéro de nomenclature Otan, la présence ou l’absence d’un article optionnel.
La gestion unifiée des mouvements permet un suivi quantitatif des matériels présents dans les unités. La localisation et le détenteur de chaque matériel à gestion individuelle sont également connus, ainsi que les historiques associés. De plus, les parcs de matériels sont valorisés et les coûts de possession calculés. La maîtrise globale de ces derniers est ainsi facilitée.
Le maintien en condition des matériels
Les activités de maintien en condition s’appuient majoritairement sur les gammes opératoires (tâches de maintenance standards) définies par l’arborescence logistique. Les informations associées à ces gammes (rechanges, équipements de maintenance, personnels et qualifications requises de ces derniers) permettent le calcul des besoins en ressources nécessaires à l’exécution des interventions techniques. Grâce à ces informations, plusieurs choix de remise en état (quantifiés en délais et en coûts) peuvent être offerts aux utilisateurs. Les responsables pourront donc choisir la méthode de remise en état correspondant le mieux à leurs impératifs (opérationnels ou budgétaires).
La réalisation des gammes opératoires sur le terrain et dans les ateliers est mémorisée pour chacun des matériels concernés. Ainsi, au fur et à mesure, sont mises à jour les configurations individuelles, les informations relatives aux ressources effectivement consommées, ainsi que les données relatives aux défaillances du matériel et à leurs causes. Selon le type de matériel utilisé, l’emploi qui en est fait et l’environnement dans lequel il opère, des dossiers particuliers de faits techniques peuvent être créés afin d’alimenter en données d’éventuelles études, enquêtes ou analyses.
Toute intervention technique est motivée par un événement appelé « fait technique ». Après identification, chacun d’eux est répertorié et codifié. L’exploitation des faits techniques repose sur un historique mis à jour régulièrement et qui peut être utilisé à des fins statistiques. Une synthèse sur des domaines tels que la fiabilité d’un matériel, sa disponibilité ou sa maintenabilité est facilement obtenue. Il est également possible de déterminer la liste des pannes les plus fréquentes, ce qui peut faciliter le diagnostic sur le terrain. Les données de faits techniques peuvent être échangées (de manière contrôlée) avec les acteurs concernés de la DGA ou avec les industriels.
Vers une optimisation des stocks et une gestion automatisée des matériels
Dans le domaine de l’approvisionnement, il est nécessaire de distinguer les articles de rechange assurant la disponibilité opérationnelle des matériels existants et les matériels complets livrés aux unités prêts à fonctionner. La prévision des besoins en rechanges est élaborée à partir du relevé des consommations, des prévisions d’interventions techniques correctives (qui s’appuient sur les données de fiabilité et sur l’activité des parcs) et des prévisions d’interventions techniques préventives liées à l’activité des matériels.
Les listes d’approvisionnement initial (matériels reçus par une unité lors de sa création) sont intégrées dans la gestion des stocks. Les erreurs d’appréciation sur les quantités initiales approvisionnées peuvent être décelées et ne se reproduiront donc pas dans des situations similaires à venir. Toutes les données sur les approvisionnements (rechanges) contenues dans le Simat permettent au service des achats d’ajuster le volume des commandes, les dates et lieux de livraison en fonction des stocks détenus par les unités. Le suivi et la gestion des commandes sont exécutés en s’appuyant sur une base de données des marchés.
La gestion des matériels complets a pour but d’équiper les formations, conformément aux besoins exprimés par l’EMAT, à partir des ressources stockées au sein des établissements du matériel. Les commandes de l’EMAT sont également enregistrées et suivies de la même façon que celles des rechanges. Le service central de gestion gère la répartition des matériels majeurs (blindés, hélicoptères…) et délègue à ses directions régionales du matériel la répartition des autres équipements (armements légers…). Les données d’organisation fournies par Credo (conception et réalisation des études d’organisation) sont prises en compte par le Simat, afin de connaître les différentes formations de l’armée de terre ainsi que leurs dotations en matériels.
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Le Simat s’annonce donc comme le premier système global et cohérent d’information de la maintenance de l’armée de terre. Exhaustif, il prend en compte les besoins de l’ensemble des acteurs concernés, de l’industriel au corps de troupe. En appliquant les concepts du soutien logistique intégré, en améliorant les fonctions d’exécution et en permettant le pilotage optimal des moyens, il permettra de répondre au mieux aux défis de la maintenance du XXIe siècle.