« Le monde est malheureux… ». Inflation, déséquilibres, inégalités et injustices, sans parler des nuisances, de la pollution et du gâchis des ressources naturelles… ! Tels sont les fruits amers d'une société de consommation qui a perdu de vue les finalités de la croissance pour ne retenir que ses aspects quantitatifs. Peut-on rompre ce cycle infernal ? Quelle stratégie adopter ? L'auteur avait déjà fait, il y a deux ans, un plaidoyer « Pour une autre croissance » (juillet 1972), apporte aujourd'hui des réponses précises à ces questions.
Stratégie pour une autre croissance
« Ce qui leur manque, c’est l’imagination. Ils ne sont jamais à l’échelle des fléaux ».
Albert CAMUS
Les pays développés — liés d’ailleurs aux autres, indissolublement — savent désormais qu’il leur faut rechercher, et adopter, un autre modèle de croissance. Même si les Gouvernements le leur cachent encore. Et les oppositions aussi — quand il y en a. Mais si l’on veut comprendre pourquoi le faire, et comment, peut-être faut-il d’abord jeter un regard sur les vingt-cinq ou trente dernières années ; pour mieux comprendre comment et pourquoi sont nés dysfonctionnements, contradictions et impossibilités.
À la sortie de la guerre, le monde développé, à l’exception des États-Unis, est à reconstruire. Et l’on est prêt à beaucoup sacrifier aux efforts de reconstruction. Partout. Parce que les souffrances, les privations, les restrictions ont été longues et douloureuses. Parce qu’on veut le faire sur des bases qui évitent le retour d’une grande dépression comme dans les années trente, dépression dont les traces profondes marquent encore lourdement, aux États-Unis spécialement, ceux qui avaient quinze ans vers 1930 et se souviennent du chômage de leurs pères comme du mal suprême.
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