L’importance des systèmes spatiaux dans la conduite de la défense d’un pays relève aujourd’hui de l’évidence. Qu’il s’agisse de la vérification de l’application des traités et des accords internationaux, des liaisons avec les forces projetées sur les théâtres, de la préparation de ces opérations par une étude préalable de la zone, optique et électromagnétique, il n’est pas un domaine où l’apport de la technique ne soit déterminant lorsque celle-ci est seule à pouvoir intervenir, ou complémentaire lorsque d’autres moyens sont employés sur place. Les pays qui aujourd’hui ont fait l’effort de se munir de moyens spatiaux au service de leur défense ont franchi une étape qui les différencie des autres et les met en prise directe dans le cours des événements qui les concernent quand ceux-ci se déroulent « au-delà de l’horizon ». Notons au passage l’irréversibilité de cette option. On voit mal par exemple comment un pays qui dispose d’imagerie satellitaire pourrait accepter de revenir en arrière et de s’en priver.

Entraîné par l’ensemble des grandes puissances actuelles, ce constat suscite pour notre pays des questions nouvelles, au premier rang desquelles on peut relever la nécessité de connaître à l’instant voulu la « situation spatiale » au-dessus d’une zone donnée, afin de préserver nos intérêts, notre autonomie d’appréciation, sur le territoire national ou sur des théâtres d’opérations. Il peut se révéler indispensable, en fonction du contexte, d’activer des mesures particulières de protection, de discrétion, voire de « gesticulation », d’adopter en fait la posture dictée par la situation. Il est intéressant de savoir si un pays a modifié les trajectoires de ses satellites pour surveiller une zone particulière, à quelle mission correspond le lancement qui vient d’être annoncé par un autre ? Ce dernier lancement est-il lié à une tension qui apparaît ? Le satellite auquel on prête des performances menaçantes est-il toujours actif ? Techniquement est-il aussi avancé qu’on veut bien le dire ?

La surveillance de l’espace, que l’on pourrait définir comme étant l’ensemble des moyens terrestres employés pour examiner ce qui se passe dans des domaines orbitaux « intéressants », participe à l’élaboration des réponses à ces questions.