Marine - Le groupe d'optimisation des formations de la Marine
Le Groupe d’optimisation des formations de la marine (Goum), cellule d’audit de la marine, a parfois été cité en exemple, notamment par la Cour des comptes ou le contrôle général des armées, mais il reste assez peu connu à l’extérieur de la marine. Pour le présenter, relater d’abord son histoire semble être la meilleure voie.
Historique
Le 1er avril 1964, le « groupe d’organisation des bases de l’aéronautique navale » (en abrégé Goban) est créé, avec, comme son nom l’indique, un champ d’action circonscrit à un sous-ensemble de l’aéronautique navale. Il est dissous le 15 juillet 1966.
Par une décision du 23 juillet 1968, le major général de la marine donne l’ordre de reconstituer un groupe analogue voué à un domaine étendu à toute l’aéronavale et précise que le sigle Goban est reconduit parce qu’il est « bien connu dans l’aéronautique navale ». La mission de cet organisme, qui est rattaché à la division aéronautique de l’état-major de la marine (EMM), consiste à réaliser un « travail de réorganisation » de l’aéronautique navale en proposant de nouvelles structures. Il remplit ainsi un rôle de réflexion, de conception et d’élaboration détaillée de « solutions concrètes ».
Le 5 mai 1972, sur décision du major général de la marine, est créé le groupe d’organisation des unités de la marine (Goum) par la fusion du Goban et de la section organisation-méthodes du bureau « méthodes et techniques d’action » de l’état-major de la marine. La mission confiée au Goum est de « rechercher l’amélioration de l’emploi du personnel dans la marine en vue de réaliser des économies ».
Le 24 mai 1993, le Goum est transformé en un organisme d’audit et d’études dont l’appellation officielle est « groupe d’optimisation des formations de la marine ». À cette occasion, son champ d’action est étendu « à la marine actuelle ainsi qu’à l’organisation et aux moyens du futur ».
Au terme de ce bref historique, force est de constater que l’existence de l’organisme qui a finalement gardé son nom de Goum — encore aujourd’hui — a été heurtée, ses avatars plutôt nombreux et ses contours protéiformes. En rappelant ainsi le passé, la raison d’être de cet organisme se dégage et il devient possible de retracer les évolutions graduelles qui ont mené à la définition actuelle de sa mission.
Mission actuelle et place du Goum au sein de l’EMM
Les textes en vigueur indiquent que « le Goum est un organisme d’audit, d’études et de conseil mis à la disposition du commandement afin de permettre l’amélioration du fonctionnement des formations de la marine dans les domaines de l’organisation, de l’économie des moyens et de l’emploi du personnel civil et militaire ». Il est directement placé sous l’autorité du sous-chef d’état-major « Plans » de l’EMM qui arrête son programme d’études et de missions.
Par ailleurs, il convient de préciser que cet organisme travaille simultanément pour les autorités dont dépendent les formations étudiées, mais aussi au profit de l’échelon central de la marine (EMM, directions et services centraux) qui prépare et met en œuvre les décisions éventuelles découlant de ses études.
En outre, depuis le début de l’année 1995, le Goum est également requis pour participer, au sein de la cellule d’évaluation de l’état-major des armées (EMA), aux audits des organismes interarmées.
Moyens et activité
Le Goum est une petite équipe dirigée par un capitaine de frégate qui comprend quatre officiers (dont un aspirant du service national) et cinq officiers-mariniers. Il bénéficie d’un accès direct et consultatif au système d’information et d’aide à la décision pour les ressources humaines de la marine (SIAD/RH), ce qui facilite l’accomplissement des travaux relatifs à l’emploi du personnel militaire.
Dans la pratique, pour remplir sa fonction consistant à vérifier l’adéquation des moyens des formations vis-à-vis de leurs missions, il réalise des audits au profit de l’EMM, participe à des audits interarmées menés par l’EMA et fournit un flux quasi continu d’informations et d’avis au profit des bureaux de l’EMM qui le sollicitent en raison de sa connaissance précise du « terrain ».
À titre d’illustration, le bilan de l’activité du Goum dans la période de juin 1995 à juin 1996 est le suivant : dix audits ou études importants au profit de l’EMM ; trois audits d’organismes interarmées au profit de la cellule interarmées d’évaluation de l’EMA ; de nombreuses études ponctuelles ne nécessitant pas d’audit ; le flux des réponses particulières, jour après jour, évoqué plus haut.
Le Goum a ainsi contribué, avec les différents acteurs concernés, au projet d’expérimentation d’une comptabilité analytique au centre d’instruction naval de Querqueville. Ce projet est aujourd’hui devenu une réalité et son extension, décidée par l’échelon central de la marine, est actuellement à l’étude.
Méthode de l’audit interne
Le terme « audit » utilisé pour nommer la mission principale du Goum apparaît pour la première fois en 1993 : il est vrai que, dans les faits, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, on pourrait dire que le Goum, à son insu, pratiquait les techniques de l’audit depuis longtemps, si ce n’est depuis toujours. Par ce mot, il faut entendre ici audit interne.
Concrètement, ce dernier, provoqué par un mandat, comporte trois phases : la première consiste à rechercher l’information, la deuxième à reconnaître un écart et enfin la troisième à y remédier (règle des 3R).
La recherche des informations consiste à recueillir des données quantifiables sinon des témoignages attestant des faits. L’auditeur obtient ces informations tangibles en approchant, au cours d’entretiens, l’ensemble des échelons : commandement ou direction, encadrement et exécution. Les informations sont ensuite vérifiées par recoupement avant validation.
La phase de détection d’un écart s’effectue, quant à elle, par l’analyse des informations et des faits sur la base de normes préétablies ou de processus reconnus.
Enfin, l’étape ultime consiste à proposer des solutions ou des mesures destinées à réduire le dysfonctionnement décelé, à modifier la procédure incriminée, à améliorer le rendement général, voire, le cas échéant, à proposer une évolution des normes en vigueur.
Position de l’auditeur
Si, pour réaliser l’audit interne, le Goum observe et examine la façon dont les personnes exécutent leurs tâches et dont la fonction est mise en œuvre, il situe son analyse des systèmes de manière à en évaluer l’efficacité globale sans jamais s’intéresser aux personnes, en tant que telles, par leur comportement professionnel. Cette responsabilité-là, foncièrement distincte de l’audit, appartient aux autorités dûment investies de ce pouvoir. En fait, pour le Goum, il s’agit de rendre la formation ou la fonction performante avec les hommes qui la servent et dont il n’y a aucune raison de penser qu’ils sont professionnellement en deçà d’une quelconque norme.
Parvenir à faire passer ce message dans les esprits est une chose importante : en effet, cela figure au rang des conditions à satisfaire afin que le travail du Goum puisse se dérouler dans une atmosphère de coopération de bon aloi et librement consentie au sein même de la formation étudiée.
Pour mener à bien sa mission, il apparaît aisément que l’équipe d’audit doive disposer de toute l’indépendance nécessaire, tant auprès de l’unité examinée qu’auprès de toute autre autorité qui, ès fonctions, exerce ses responsabilités spécifiques dans la formation étudiée. Cette indépendance est instituée dans la marine par le rattachement direct du Goum au sous-chef d’état-major « Plans ». Elle est préservée par les règles de l’audit interne qui interdisent toute concertation préalable susceptible d’orienter un diagnostic ou d’infléchir une proposition et par le principe que le rapport d’audit n’appartient qu’à la seule autorité qui l’a mandaté.
En conclusion
L’optimisation de l’organisation et du fonctionnement des différentes composantes de la défense est une préoccupation de toutes les autorités du ministère de la Défense.
Les activités du Goum, pour ce qui concerne la marine, ressortissent pleinement à cette tâche depuis de nombreuses années, aujourd’hui plus que jamais. Il paraît opportun de souligner que les travaux de cet organisme ne sont pas véritablement dissociables du mouvement, désormais bien lancé, dont l’objectif est de parvenir à un meilleur pilotage des activités et des projets du département : le directeur du cabinet civil et militaire du ministre de la Défense l’exprimait bien dans une note (du 12 janvier 1996) en écrivant que la « conduite de missions d’audit interne » était « complémentaire de la mise en place du contrôle de gestion et de la démarche qualité ». ♦