La dialectique secret-transparence s’est accentuée ces dernières années au point d’affecter à la fois la confiance placée en l’État et l’autorité qu’il doit préserver pour exercer sa mission première, la défense et la sécurité de la nation, qui passe par un droit imprescriptible au secret.
Le secret de la défense nationale comme acte de transparence
The Secrets of National Defense as an Act of Transparence
The secrecy-transparency dialectic has accentuated itself in these past years to the point of affecting the confidence placed in the state as well as the authority that it must preserve in order to exercise its foremost mission, the defense and security of the nations, passing through an inalienable right to privacy.
« L’initié fait du secret d’un tiers son secret personnel. Il ne renonce pas seulement à la connaissance de ce que l’autre lui a montré malgré lui. Face à des tiers, il respecte un principe ancien : on ne doit savoir ni ce qui n’a pas été révélé ni ce qui a été dissimulé volontairement » (1).
Le secret a mauvaise presse, on lui préfère la transparence. Pour ce qui relève de l’action étatique, et dans la séquence historique qui est la nôtre, cela n’est pas nouveau, mais remonte aux années soixante-dix avec l’introduction de la transparence dans le domaine administratif. Ce qui est nouveau et très actuel en revanche, c’est l’arrivée de cette transparence dans les affaires souveraines de l’État, au premier rang desquelles, la défense nationale (2).
Pour bien des gens, tout mérite désormais d’être dit et donc d’être connu, qu’il s’agisse d’un dévoilement des secrets de l’Autre, comme d’un dévoilement de sa propre intimité (réseaux sociaux, blogs, téléréalité…). Pourtant, l’essence du secret réside dans sa fonction sociale en ce qu’il est le seul moyen de garantir l’existence de la sphère privée et, par voie de conséquence, de la distinction public/privé, indispensable à la vie en collectivité et donc à la démocratie. Il s’agit de tracer des frontières entre ce qui doit être connu de tous et ce qui ne doit pas l’être. Cette approche, historiquement et traditionnellement évidente pour les individus – quoique mise à mal par l’actualité médiatique et les mutations sociales – l’est en réalité aussi pour l’État, qui a besoin d’une frontière entre ce qui doit être connu et ce qui ne doit pas l’être.
Il reste 90 % de l'article à lire