C’est à partir de la relation complexe qu’a nouée la presse avec les services secrets au moment de l’affaire Greenpace que l’auteur met en scène les tensions structurelles qui pèsent sur l’exercice de la responsabilité politique qui est partagée entre l’exigence de la transparence publique et la nécessité du secret.
La presse à l’épreuve des services secrets français durant l’affaire Greenpeace
The Press to the Test of French Secret Services During the Greenpeace Affair
In part due to the complex relation which knotted the press and the secret services in the moment of the Greenpeace affaire, the author places in context the structural tensions which weigh on the exercise of political responsibility, which are shared between the demand of public transparence and the necessity of secrecy.
Nul doute que le nom de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) reste – pour le grand public – largement associé à celui du Rainbow Warrior. En cet été 1985, le navire amiral de l’association Greenpeace stationné à Auckland (Nouvelle-Zélande) s’apprête à appareiller pour Mururoa, atoll de la Polynésie française qui abrite les essais nucléaires. La campagne de protestation s’annonce rude et le pouvoir politique ordonne à son service spécial extérieur d’intervenir. Le « Combattant de l’arc-en-ciel » doit couler. Cette mission est dévolue au Service Action, le véritable bras armé de la DGSE.
Une opération d’envergure est organisée en seulement quelques mois. Elle repose sur l’articulation de multiples agents ou équipes d’agents français ; chacun effectuant une ou plusieurs tâches : de la simple observation à la pose des mines sur la coque. Dans la nuit du 10 juillet, une première détonation commande à l’équipage du Rainbow Warrior d’évacuer. Le photographe Fernando Pereira retourne dans sa cabine alors qu’une deuxième déflagration livre le chalutier à la merci des flots. Le militant périt noyé. Dans le jargon des opérations spéciales, il s’agit d’un « cas non conforme » ; un impondérable autant sordide qu’imprévisible qui va grandement compliquer la mission des agents sur le terrain.
Le 12 juillet, un couple de Suisses – les « Turenge » – est arrêté. Leur camping-car de location a été aperçu aux abords de la baie d’Auckland le soir du sabotage. Un témoin a vu plusieurs personnes transborder du matériel d’un canot. Cela est d’autant plus suspect que les passeports des deux touristes sont faux. En réalité, il s’agit de deux agents français du Service Action : Alain Mafart et Dominique Prieur. Les policiers néo-zélandais s’intéressent également à l’Ouvéa, voilier qui a quitté la Nouvelle-Zélande deux jours avant les faits. Son équipage, composé de quatre Français, n’est pas passé inaperçu durant son séjour.
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