Parmi les livres récents publiés sur le renseignement, on trouve deux ouvrages d’experts qui alimentent la réflexion de ce numéro. La recension détaillée qu’en fait l’auteur permet de mieux comprendre comment le renseignement sort aujourd’hui de l’ombre dans laquelle l’avait confiné la guerre froide pour gagner de nouveaux espaces d’application sans pour autant perdre sa pertinence classique de confrontation interétatique.
Parmi les livres - Le renseignement à l’ère de la mondialisation
Among the Books—Intelligence in the Era of Globalization
Among the recently published books on intelligence, one finds two works by experts which supply the reflections for this edition. The detailed book review which the author makes permits us to better understand how today's intelligence leaves the shadows of which it was confined to during the Cold War in order to win new spaces of application without losing its classic pertinence in interstate confrontation.
Deux ouvrages récents, Espionnage et renseignement : Le vrai dossier de François Heisbourg et L'espionnage dans le droit international de Fabien Lafouasse, qui se complètent fort bien, fournissent un tour d’horizon complet du monde de l’espionnage et du renseignement, des domaines, qui n’ont été qu’insuffisamment étudiés ou discutés en public. Ils relèvent pourtant d’une des attributions essentielles de l’État : sauvegarde de sa souveraineté, défense de ses intérêts supérieurs, protection de ses citoyens contre les menaces multiformes provenant de l’extérieur et au premier chef le terrorisme international. On croyait, en effet, trop aisément que le bel espionnage, celui de la guerre froide, était sinon totalement disparu, du moins relégué à la périphérie de la préoccupation des États, au profit du renseignement économique ou de l’intelligence économique. Or, voilà que l’échange survenu le 9 juillet 2010, à l’aéroport de Vienne, scène à laquelle on n’avait plus assisté depuis longtemps le remettait au goût du moment. Ce jour-là, les États-Unis précédaient à l’échange de dix illégaux russes contre quatre ressortissants russes emprisonnés à Moscou pour espionnage au profit de Washington. Depuis, les interrogations de l’Union européenne sur le réseau d’interception anglo-saxon Echelon jusqu’à la violation régulière des espaces aérien et maritime des États à des fins de recueil de renseignements en passant par les fréquentes expulsions des diplomates se livrant à des activités incompatibles avec leur statut, démontrent que les faits d’espionnage relèvent de divers pans du droit international.
Le colonel Fabien Lafouasse, saint-cyrien, breveté de l’École de Guerre et docteur en droit public, était particulièrement bien armé pour s’attaquer à l’espionnage au regard du droit international, sujet au croisement de tant de préoccupations, que le droit ne saurait ignorer. L’ancien diplomate, François Heisbourg, passé par le cabinet de Charles Hernu, lorsque celui-ci était ministre de la Défense, qui dirigea par la suite l’IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres et la FRS (Fondation pour la recherche stratégique), client actif des
« services » qu’il connaît bien, était des plus qualifiés pour brosser tout à la fois un tableau historique, institutionnel, comparatif et concret de l’espionnage.
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