Légion, notre mère, anthologie de la poésie légionnaire (1885-2000)
Comme Pierre Messmer s’est plu à le faire remarquer, lors de la présentation du livre dans la cour de l’Institut, quai Conti, les origines de la littérature militaire se confondent avec celles des armées elles-mêmes. Ces écrits relèvent, en général, dans le sillage de l’Anabase ou du De Bello Gallico, de genres littéraires en rapport direct avec les faits de guerre, et leurs auteurs sont historiens, mémorialistes, moralistes. Beaucoup plus exceptionnelles sont les œuvres poétiques. La parution d’une anthologie de la poésie légionnaire est donc un événement remarquable.
Ce recueil de 142 poèmes, répartis sur trois périodes (1885-1945, 1946-1954, 1955-2000), ayant pour auteurs des légionnaires, est source de la plus pure et de la plus authentique émotion poétique. Il présente une profonde unité qui en fait une œuvre littéraire de grand intérêt. Cette unité est le reflet même de la Légion, cette nouvelle patrie, qui rassemble des hommes de tous pays, de toutes cultures, de toutes langues. Mais l’expression, « poésie légionnaire », est en elle-même discutable, car réductrice. Seule compte la qualité poétique de l’inspiration, la Légion étrangère en l’occurrence, et non la qualité sociale des auteurs.
Avec beaucoup de goût et d’intelligence, l’avant-propos du livre, sous le beau titre « Leur âme vêtue de beauté », parcourt les divers thèmes d’inspiration, selon une sorte de gradation allant jusqu’à la plus grande gravité. Le légionnaire sait qu’il a « rendez-vous avec la mort ». Tel est le titre d’un très beau poème d’un poète légionnaire d’origine américaine, Alan Seeger. Avec beaucoup d’à-propos, M. Masseret, secrétaire d’État à la défense, tint à évoquer, en cette soirée du 4 juillet 2000, la mémoire de ce poète américain, engagé dans la Légion, mort sur le champ de bataille, le 4 juillet 1916, jour de l’Independance Day, 84 ans jour pour jour à la date de parution du recueil.
« J’ai rendez-vous avec la Mort », écrivait-il… « Il se peut qu’elle prenne ma main et me conduise vers son ténébreux domaine, qu’elle close mes yeux et arrête mon souffle… ». Cette brève citation illustre la tonalité de l’ouvrage que nous tenions à présenter. ♦