L'arme aéroportée (I)
Dans la préface qu’il écrivait en juillet 1945 pour le premier numéro de la Revue des Questions de Défense Nationale, le général Juin, jetant un regard sur les cinq années qui viennent de s’écouler, s’exprimait en ces termes : « Des procédés nouveaux se sont fait jour, marqués notamment par une interdépendance de plus en plus étroite des armes et la généralisation des attaques sur les arrières. » Cette remarque s’applique tout particulièrement à l’arme aéroportée.
À la fois terrestre et aérienne, recherchant l’efficacité par la surprise et la manœuvre dans la troisième dimension, l’arme aéroportée ne peut vivre que si une étroite et constante coordination est réalisée entre les armées de l’Air et de Terre ; son champ d’action est exclusivement les arrières de l’ennemi : arrières immédiats du champ de bataille d’aujourd’hui, pénétration profonde demain. Née de la guerre 1939-1945, conséquence directe des progrès accomplis depuis cinq ans par l’aviation, l’arme aéroportée a dû son développement aux possibilités de construction de grandes flottes aériennes de transport et de bombardement, et à l’avènement du planeur de charge remorqué.
Comme l’arme blindée, à la fin de la guerre 1914-1918, elle est déjà célèbre mais mal connue. Peu nombreux étaient alors les esprits qui voyaient au-delà du char F. T., lent et poussif, la manœuvre foudroyante des panzers. Peu nombreux, sans doute, sont encore de nos jours ceux qui perçoivent au-delà du planeur actuel qu’un câble fragile retient au remorqueur, le bolide de demain à propulsion par réaction, et portant dans son ventre énorme d’étranges combattants aéro-terrestres, dont le fantassin, l’artilleur et le sapeur aéroportés d’aujourd’hui ne sont que les précurseurs vulnérables et mal armés.
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