The coming conflict with China
Ce livre a été publié en 1997 avant la visite aux États-Unis, en octobre 1997, du président chinois Jiang Zemin, et de la visite en Chine, en juin 1998, du président Clinton. Il traite de la modification des attitudes des deux pays. Les auteurs concluent que ces changements ont eu pour résultat un affaiblissement des positions des États-Unis vis-à-vis de la Chine, qui sont passées de l’attitude amicale à l’hostilité, celle-ci considérant maintenant ceux-là comme menaçant ses positions en Asie et dans le monde. Deux facteurs, d’après les auteurs, renforcent cette analyse. Le premier est le conflit du Golfe. En l’observant, la Chine s’est rendu compte que les Américains avaient un avantage considérable sur les capacités militaires chinoises, et que cet avantage jouerait contre elle dans tout conflit, en particulier dans celui de Taïwan. Cette constatation se traduisit par le lancement par Pékin d’un programme très ambitieux de réarmement pour combler cette différence. Le second facteur, toujours d’après les auteurs, fut le réchauffement des relations entre la Chine et la Russie. La base des relations cordiales sino-américaines comportait la mise à l’écart de celle-ci. Ce rapprochement rendit discutable, pour Pékin, toute amélioration de ses relations avec les États-Unis.
Pour bien souligner que, pour Pékin, ceux-ci sont les principaux rivaux de la Chine, les auteurs citent les modifications qui datent du milieu des années 90, et qui concernent la rhétorique utilisée dans la politique intérieure chinoise. Les États-Unis sont qualifiés de menace pour la « moralité socialiste », d’ennemi d’État et d’adversaire global pour le China’s Central Committee. Il faut remarquer également que, depuis les années 70, l’attitude de la Chine à l’égard du reste de l’Asie a changé. Elle a saisi les Paracels et Mischief Reef, attaqué le Viet Nam sur ses frontières, et coulé plusieurs navires dans la zone des îles Spratley.
À l’intérieur, elle a lancé avec succès une politique de modernisation de son industrie et de développement de sa technologie de pointe. D’après les auteurs, la Chine est la seconde puissance économique mondiale, avec des réserves de change de l’ordre de 90 milliards de dollars. Environ un tiers de ses exportations vont aux États-Unis. Elle utilise ses énormes profits pour financer son programme intensif de réarmement en pratiquant des achats de haute technologie en Amérique, en Europe de l’Ouest et en Russie. Un chapitre du livre décrit un scénario de conflit à propos de Taïwan. Les auteurs présentent avec intérêt une brève histoire de la Chine moderne qui couvre l’évolution de ses relations avec les États-Unis, la question de Taïwan, la montée en puissance de l’arme nucléaire chinoise. Le volet économique de ces relations est certainement la meilleure partie du livre. Les auteurs citent des solutions pour combler le déficit de 40 milliards de dollars du commerce entre les deux États, déficit utilisé par la Chine pour moderniser son appareil militaire. Cependant ces solutions ne permettent pas d’écarter l’hypothèse d’un conflit. En conclusion, la Chine a largement profité des investissements américains et du développement du commerce entre les deux pays. Grâce aux États-Unis, elle est devenue une puissance économique de premier ordre qui se prépare à une confrontation politique et militaire avec la première puissance mondiale.
Depuis la publication de ce livre, et les visites du président chinois aux États-Unis et du président américain en Chine, la presse américaine suit avec une attention sans défaut l’évolution des relations entre les deux pays. Ses nombreux articles classent les événements en fonction des intérêts américains et critiquent souvent la politique de Washington. On peut retenir, en particulier, dans ce domaine, la coopération, dénoncée par le Congrès américain, entre le Chinese Institute of Atomic Energy et trois laboratoires américains spécialisés dans les armes nucléaires. La presse souligne également l’absence de soutien de la Chine dans les discussions entre les États-Unis et la Corée du Nord à propos des programmes coréens concernant les missiles et les armes nucléaires. Elle proteste aussi contre les violations par la Chine du traité de non-prolifération nucléaire, tandis qu’elle continue à recevoir du matériel de haute technologie et des équipements qui peuvent être utilisés à des fins militaires. La Chine, de son côté, accuse les États-Unis de soutenir les séparatistes tibétains et d’installer à Taïwan un système de défense antimissiles. Elle n’approuve pas la situation actuelle dans laquelle les Américains et leurs alliés, et spécialement le Japon, jouent le rôle principal, et considère que cette alliance est dirigée contre elle. D’autres reproches, de part et d’autre, n’améliorent guère les relations qui demeurent stationnaires et incertaines. Pour en revenir au livre dont il est question, on peut dire qu’il est un excellent compte rendu de la situation en Chine, et une analyse très réaliste des relations entre celle-ci et les États-Unis. ♦