Général du contingent. En Algérie, 1960-1962
Sept ans après avoir quitté l’Algérie, le chef d’état-major des armées, qui s’est tué en avion en mars 1968, avait voulu rédiger ses souvenirs de cette période, où sans état d’âme selon J. Daniel, il eut à diriger la lutte contre l’ALN et surtout contre l’OAS. (On regrettera que ces mémoires, qu’il n’a pas pu relire, n’aient pas été corrigées avant leur publication, car elles comportent de nombreuses erreurs et omissions).
Ses remarques sur le barrage tunisien, dont il s’est efforcé d’améliorer l’efficacité de mai 1960 à avril 1961, ne manquent pas d’intérêt, même si l’historique qu’il en trace aurait mérité plus d’exactitude. Se présentant comme briseur de putsch, il exalte cependant l’Algérie française dans son appel du 25 avril 1961 aux Bônois. « Ses connaissances limitées du problème algérien » (p. 11) et sa fidélité sans défaillance à la politique algérienne du général de Gaulle le conduisent à condamner l’action de pacification de l’armée. Son ordre du jour n° 5 et son idée de manœuvre du 1er octobre 1961 prescrivent aux forces armées d’apporter leur concours aux forces de police, mais il hésite à enliser les unités dans le maintien de l’ordre urbain, et s’oppose ainsi aux « commandements » du délégué général J. Morin. Il se félicite de l’efficacité de la SM et de la Mission C, tout en ignorant le rôle des « barbouzes » du MPC.
Accordant aux officiers perdus des circonstances atténuantes, il conclut en posant la question : « Sept ans après, ont-ils compris ? » ; nous laissons aux lecteurs le choix de la réponse. ♦