Les canons de Porquerolles
Après la victoire de 1918, alors que la France se réfugiait derrière la ligne Maginot, dans le domaine naval, les énergies étaient surtout tournées vers la constitution d’une flotte de haute mer. Cet effort n’a cependant pas empêché des réflexions sur la fortification des côtes, essentiellement pour assurer la protection extérieure des principaux ports de guerre. Ce n’est pas le moindre intérêt de ce livre que de nous rappeler ce volet peu connu de la politique navale entre les deux guerres en s’appuyant sur l’exemple de l’île de Porquerolles.
Le programme national de défense côtière date du 1er août 1922 et les premiers travaux dans l’île ont débuté en 1930. Les quatre pièces de 164 millimètres de la batterie des Mèdes devaient défendre les accès orientaux de la rade de Toulon. L’installation de cette redoute en terrain presque vierge a d’ailleurs permis aux ingénieurs d’étudier différentes solutions techniques qui ont été ensuite appliquées dans d’autres lieux. Même le camouflage des pièces a fait l’objet d’études très approfondies qui rejoignent les recherches sur les couleurs menées par des artistes de l’époque.
Terminée en 1932, la batterie souffrait cependant d’un certain nombre de handicaps : pas de logement pour l’équipage théorique de 140 hommes, pas de protection antiaérienne ni contre les attaques chimiques. La vie active de ce rattachement fut de courte durée. Dès janvier 1939, il était classé « en réserve » et confié à la garde d’une douzaine de personnes.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, différents projets de réactivation ont été présentés sans qu’aucun ne voie réellement le jour. Après l’invasion de la zone Sud, l’île fut occupée par des Piémontais puis par des supplétifs russes et arméniens de la Wehrmacht. Après un énergique bombardement de quatre jours par des bateaux français et américains, cette petite garnison devait se rendre le 22 août 1944.
Les ultimes projets de fortification de l’île datent de 1948. Depuis, ces lieux ont retrouvé leur vocation de tourisme et de villégiature alors que rouillent dans l’indifférence les derniers vestiges de la poliorcétique navale.
Ce livre s’inscrit dans le renouveau de l’histoire militaire en France et souligne le rôle éminent joué par le Centre d’études d’histoire de la défense avec l’appui duquel ces 150 pages sont publiées. Son auteur nous livre cette monographie intelligente et utile pour qui s’intéresse à l’histoire des régions françaises et à la conservation de leur patrimoine. ♦