Comme le montre l’histoire américaine, un deuxième mandat offre une vraie chance d’affirmer une vision et d’accomplir un projet. Ceux que porte Obama dont le long apprentissage a causé un désenchantement américain ces dernières années, trouveront dans l’urgente question du ProcheOrient un défi à la hauteur de ses capacités qui pourra lui permettre de rentrer dans l’Histoire.
Seconde chance pour Barack Obama
A Second Chance for Barack Obama
As American history shows us, a second term offers a real chance to affirm a vision and accomplish a project. The long learning period of Obama has caused an American disenchantment in these last years, but he will find in the urgent question of the Middle East a challenge worthy of his abilities that could permit him to go down in history.
En novembre 2012, Barack Obama a été réélu président des États-Unis. Mais les hésitations de ses clientèles électorales les plus fidèles – des foules moins enthousiastes, une marge de victoire rétrécie, un ton moins serein que quatre années plus tôt – confirment un sentiment de déception pour une grande partie du public américain. Une coalition de minorités – parmi lesquelles les Noirs, Hispaniques et Asiatiques l’ont choisi à une écrasante majorité et à des taux de participation historiquement élevés pour ces deux derniers – a assuré sa victoire en dépit d’un vote « blanc » plutôt négatif, voire hostile. Pourtant, Obama a beaucoup appris durant son apprentissage du pouvoir. Et ce qu’il a appris augure bien de sa capacité à saisir la seconde chance qui lui est offerte de s’imposer dans l’histoire en agissant enfin avec l’audace qui lui était attribuée initialement (1).
C’est dans cette perspective non partisane qu’il faut se féliciter de son triomphe : en une période particulièrement instable, il n’aurait pas été bon de se passer de l’expérience du Président sortant et de s’en remettre à un nouveau venu aux idées encore mal formées dans le domaine des grandes affaires. Jimmy Carter en janvier 1977, voire Ronald Reagan en 1981 et, dans une moindre mesure, Bill Clinton en 1993, servent d’exemples. Chacun de ces Présidents américains évoque des images différentes, mais tous trois ont eu du mal à s’adapter à un monde peu conforme aux idées qu’ils s’en faisaient durant leurs campagnes respectives : Carter qui espérait le pacifier sans mal, promettant de redonner à son pays la supériorité morale pour laquelle elle avait un droit de naissance ; Reagan qui, fort du sentiment d’humiliation éprouvé par l’Amérique profonde durant les années précédentes, voulait en finir avec une Union soviétique qu’il méprisait ; et Clinton qui, revenant aux fondamentaux « It’s the economy, stupid », croyait pouvoir s’isoler des dossiers internationaux.
Pour le reste, c’est-à-dire pour l’essentiel, rappelons que la dynamique des changements en politique étrangère n’est pas régie par un calendrier politique auquel l’Histoire, jalouse de ses prérogatives et toujours pressée de surprendre, ne se soumet pas. En fait, les changements s’expriment moins d’une administration américaine à l’autre qu’au sein de la même administration. Ainsi, la politique étrangère de Dwight D. Eisenhower se dessinait déjà durant les deux dernières années de l’Administration Truman, après que la guerre de Corée eut forcé celui-ci à donner à sa vision du monde la dimension globale qu’il lui avait niée précédemment ; et elle se poursuivait encore durant les deux premières années de l’Administration Kennedy, alors que celui-ci s’enfonçait dans les crises héritées de son prédécesseur. De même pour Reagan, le va-t-en-guerre du début des années 1980, mis en selle par un Carter lui-même durci par ses mauvaises expériences en Iran et en Afghanistan : durant son deuxième mandat, Reagan devenait l’homme de la détente et du désarmement, un architecte de pointe, en fait, pour une fin paisible à la guerre froide, confirmée par son successeur.
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