Après avoir inventorié les atouts d’une coopération trilatérale entre les trois géants asiatiques, la Chine, l’Inde et la Russie qui font face à de nombreux problèmes communs de développement, après avoir mesuré la dynamique de leurs échanges trilatéraux, l’auteur conclut avec prudence qu’on est encore loin d’un partenariat stratégique entre eux.
Existe-t-il un axe Russie-Inde-Chine ?
Is there a Russia-India-China axis?
After having made an inventory of the assets of a trilateral cooperation between the three Asian giants, China, India, and Russia, all of whom are faced with numerous problems of development, and after having measured the dynamics of their trilateral exchanges, the author cautiously concludes that they are still far from a strategic partnership.
La formation d’une relation triangulaire structurée entre la Russie, l’Inde et la Chine est apparue dans la période post-guerre froide, au début des années 1990. Elle est d’abord défendue par Boris Eltsine en 1993 puis concrétisée en 1996 par le Premier ministre russe Yevgeny Primakov. Les relations entre l’Inde et la Russie ont prospéré pendant la guerre froide. Même après la disparition de l’Union soviétique, cette relation amicale de confiance s’est maintenue. De la même façon, la relation sino-indienne s’est adoucie après l’accord de 1993 visant à réduire considérablement les troupes stationnées le long de leur frontière commune (1). Des efforts continus ont été fournis de part et d’autre de la frontière pour que les deux pays améliorent leurs rapports. Les échanges économiques se sont depuis lors considérablement appréciés. Les relations sino-russes ont également pris un nouvel élan après la fin de la guerre froide, la Chine et la Russie sont même parvenues à la résolution de leur problème frontalier en juillet 2008. Leur coopération et leurs échanges se poursuivent notamment dans le domaine des ventes d’armes et de l’énergie.
Au-delà des relations bilatérales, une autre trilatérale se dessine entre la Russie, l’Inde et la Chine que certains chercheurs s’empressent de qualifier d’axe.
Nouvelles puissances économiques fragilisées
par des disparités régionales
Le processus de mondialisation a établi la Chine et l’Inde en nouvelles puissances économiques sur la scène mondiale. Le rythme de leur croissance soutenue au cours des dernières décennies a considérablement changé les relations et l’équilibre parmi les économies parties prenantes du processus d’intégration internationale. En outre, l’expérience réussie de ces deux pays a induit une croissance rapide de la demande de marchandises et de matières premières. La Russie, l’un des principaux producteurs d’hydrocarbures, a été l’un des premiers bénéficiaires de cette évolution. Depuis 1999, ce pays a connu une croissance proche de celle de l’Inde et de la Chine. Cette reprise de l’économie a vu le jour après des années de bouleversements et une crise financière particulièrement sévère en août 1998. À des degrés divers, la Russie, l’Inde et la Chine ont expérimenté un système de planification central où le rôle des partis communistes ou des gouvernements orientés à gauche a dominé et contrôlé toutes les décisions relatives aux politiques économiques. Même si l’appareil politique communiste est encore très central en Chine, les principales réformes de libéralisation ont été mises en œuvre dans l’objectif d’adapter l’idéologie socialiste au capitalisme. Ces trois géants semblent s’être adaptés aux nouveaux défis posés par l’accélération de la mondialisation.
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