Démocratie, défense, détente
Notre politique de défense est discutée à l’intérieur comme à l’extérieur de notre pays ; mais elle semble mieux comprise à l’extérieur qu’à l’intérieur. Elle a longtemps irrité les Américains. Ils s’y sont habitués, puis intéressés. Ils semblent maintenant comprendre qu’elle ne leur est pas défavorable et ils ont pour elle de la considération. Les Soviétiques l’ont très vite approuvée parce qu’elle constituait un élément favorable pour leur propre politique de détente. Les pays européens de l’Ouest nous la reprochent, parce qu’ils envient l’indépendance qu’elle nous donne. Les pays européens de l’Est nous approuvent pour la même raison.
Quant aux Français, s’ils semblent peu à peu comprendre l’intérêt de disposer d’outils de dissuasion nucléaire, ils n’ont, dans leur grande majorité, que bien peu réfléchi à cette politique. Orientés par certains animateurs de moyens d’information, ils en voient surtout les charges et les contraintes, qu’il s’agisse du service militaire ou des dépenses. Expliquer aux Français pourquoi nous devons, en 1975, disposer encore de forces armées risque de compromettre la détente. Ne pas le leur expliquer risque de retirer à la défense l’appui populaire indispensable. Or, la détente est fonction d’une défense efficace, mais elle affaiblit cette dernière. C’est un cercle vicieux.
Les opinions publiques sont favorables à la formation de l’Europe et à la détente. Mais celle-ci est un élément défavorable à celle-là. C’est une contradiction. Si vraiment démocratie, défense, détente sont incompatibles, c’est la défense qui tombera en premier. Ce sera la fin de la détente, suivie de la fin de la démocratie. C’est une impasse. Essayons d’être plus explicites et voyons d’abord les faits :
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