Entre Europe et Maghreb, le partenariat souvent esquissé a buté sur des difficultés aujourd’hui identifiées qui ont créé un climat maussade de défiance. Relancer cette perspective utile, c’est tout autant ouvrir les échanges intermaghrébins que développer les relations transméditerranéennes. Le Dialogue 5+5 le permet.
Le partenariat Maghreb-Union européenne : quelles perspectives ?
The Maghreb-European Union Partnership: What Perspectives?
The partnership between Europe and the Maghreb has often stumbled and been shadowed by difficulties which have created an ill-tempered climate of mistrust. By reminding the European Union of this useful perspective, it will open them to inter-Maghreb exchanges as well as developing trans-Mediterranean relationships. The 5+5 talks will permit this.
Il faut reconnaître que l’Europe en général et l’Union européenne en particulier se sont intéressées très tôt au Maghreb. Et ce, pour des raisons de proximité géographique, du fait de l’histoire et enfin d’impératifs de sécurité. C’est ainsi que dès 1963, la Mauritanie a bénéficié de la première Convention Yaoundé. Les autres pays du Maghreb ont été partie prenante du Processus de Barcelone de 1995, de la Politique européenne de voisinage en 2004 et de l’Union pour la Méditerranée (UPM) en 2008.
Le bilan du partenariat entre l’Union européenne et le Maghreb est à ce jour mitigé. On peut signaler comme éléments positifs, la signature d’accords d’association entre l’Europe et les pays du Maghreb entrés en vigueur pour la Tunisie en 1998, le Maroc en 2000 et l’Algérie en 2005. Ces accords ont permis l’octroi d’aides financières à ces pays sous forme de dons ou de prêts de la Banque européenne d’investissement. Ils ont permis également la promotion des investissements européens au Maghreb et le transfert de technologies grâce à la coopération technique. Les pays du Maghreb ont bénéficié à des niveaux différents de la coopération avec l’Union européenne. C’est le Maroc qui a fait le plus d’efforts et obtenu en retour le « Statut avancé » en 2008, qui lui permet d’avoir tous les avantages d’un État membre, sauf la participation aux institutions politiques de l’Union européenne. L’autre bénéficiaire important de la coopération avec l’Union européenne fut la Tunisie. Quant à l’Algérie, la Mauritanie et la Libye, leur implication avec l’Union européenne fut moindre. L’Algérie, pour des raisons politiques et du fait de ses énormes ressources financières provenant de la commercialisation du pétrole et du gaz, n’a pas porté un intérêt majeur à l’Union européenne. Elle vient d’ailleurs de reporter à 2020 (au lieu de 2017), la levée des barrières douanières avec l’Union pour protéger son industrie naissante. La Libye sous la gouvernance du colonel Kadhafi, disposant de ressources importantes provenant des hydrocarbures, s’est intéressée surtout à l’Afrique subsaharienne. Quant à la Mauritanie, elle a pris une part modeste à la fois vis-à-vis des Conventions ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et de l’Euromed.
Les aspects négatifs des relations entre le Maghreb et l’Union européenne sont assez nombreux. Les pays de l’est de l’Europe ont été intégrés à l’UE en tant que membres à part entière après la chute de l’URSS. Ils ont bénéficié de sommes considérables à titre d’aides financières non remboursables, d’une masse d’investissements en provenance de l’ouest de l’Europe et d’une coopération tous azimuts. Les efforts de l’Union européenne à l’égard des pays du Maghreb ont été beaucoup plus restreints et le seul objectif proposé est le « Statut avancé » sans aucune possibilité d’adhésion à l’Union. De plus, celle-ci a soutenu les régimes autoritaires au Maghreb, et notamment les dictatures de Tunisie et de Libye. Certes, il y a eu des protestations du Parlement européen vis-à-vis du manque de démocratie et du non-respect des droits de l’homme au Maghreb, mais aucune sanction concrète n’a été prise par la Commission européenne suite à ces protestations. De plus, l’Union européenne a privilégié les relations intergouvernementales et négligé la société civile des pays du Maghreb, n’accordant qu’un timide appui aux ONG maghrébines qui luttent pour la démocratie, le respect des droits de l’homme, contre l’économie de rente et la corruption. Enfin, l’UE s’est protégée telle une forteresse envers le Maghreb, par l’instauration d’un système de visas contraignant.
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