Quand histoire et espoir se rencontrent – Se préparer au XXIe siècle
Le président Clinton doit probablement sa réélection aux succès économiques des États-Unis et en particulier à la très forte baisse du chômage au cours des quatre dernières années. Malgré cette réussite due au dynamisme de ses chefs d’entreprise, la société américaine s’interroge cependant sur son avenir. Conscient des nombreuses préoccupations de ses concitoyens, le président américain expose dans cet ouvrage ses objectifs pour aborder dans les meilleures conditions le prochain millénaire. Pour convaincre le lecteur (le livre a été écrit pendant la campagne électorale), l’auteur développe une stratégie qui s’articule en trois parties : garantir à tous les citoyens américains des chances égales de tirer le meilleur parti de leur vie ; attendre de chacun d’entre eux qu’il prenne ses responsabilités ; travailler ensemble en tant que communauté pour saisir toutes les occasions s’offrant à la nation américaine.
Dans le premier chapitre, Bill Clinton souligne les résultats encourageants qui ont été enregistrés depuis qu’il a rejoint la Maison-Blanche : « Notre économie ne s’est jamais mieux portée depuis trente ans, avec un taux de chômage, des taux d’intérêt et une inflation faibles. Les Américains sont 4,4 millions de plus à être propriétaires de leur maison, et 10 autres millions ont pu rembourser leurs emprunts à des taux d’intérêt plus bas. L’Amérique est devenue le champion du monde de la création d’emplois. Du début de mon Administration en janvier 1993 à la mi-1996, notre économie a créé plus de dix millions d’emplois, presque tous dans le secteur privé ». Pour appuyer sa démonstration, le chef de l’exécutif américain fait remarquer au passage que le forum économique mondial réuni à Davos en Suisse a désigné les États-Unis comme le pays qui possède l’économie la plus compétitive du monde. L’Administration Clinton a d’ailleurs négocié plus de 200 accords commerciaux, dont 21 avec le seul Japon. Cette stratégie a permis une forte progression des exportations.
Dans la seconde partie, Bill Clinton rappelle que l’Amérique a été construite sur les fondements de la responsabilité mutuelle. Les problèmes sociaux ne trouveront donc de solutions que si chacun « reprend le contrôle de sa propre existence, adopte une attitude responsable et respecte ses obligations ». Sur ce chapitre, le président américain rend hommage à son Administration qui a aidé les États à s’engager dans « la révolution tranquille de l’aide sociale » (l’expression est du New York Times) : le nombre des bénéficiaires de cette aide a été réduit de plus d’un million et le nombre des bénéficiaires de tickets d’alimentation a diminué de plus de deux millions. Dans le domaine de la sécurité, l’auteur prétend qu’en 1995 (et pour la quatrième année consécutive), le taux de criminalité a baissé de 8 %, les viols de 6 % et les vols avec effraction de 5 %. La ville de New York vient même d’enregistrer sa plus forte baisse de criminalité depuis 1972.
Dans la dernière partie, le président des États-Unis fait l’éloge des forces militaires et des services secrets américains qui ont beaucoup gagné « en mobilité, en dextérité, en précision, en souplesse, en finesse, en rapidité d’intervention ». Ce constat a été récemment vérifié à deux reprises : lorsque les troupes américaines se sont mobilisées dans le golfe Persique pour contrer la tentative avortée de Saddam Hussein qui massait une nouvelle fois ses soldats à la frontière du Koweït, et ensuite à Haïti où les dictateurs ont renoncé à garder le pouvoir en apprenant que des forces américaines étaient en route. C’est également dans ce chapitre que Bill Clinton définit les grands axes de sa politique étrangère. Ainsi en Asie (la grande priorité de la diplomatie américaine), les États-Unis entendent maintenir une présence militaire et favoriser une plus grande coopération entre les pays asiatiques pour la sécurité de cette région hautement stratégique. Sur cette question, l’auteur rappelle notamment que la Chine a aidé Washington à désamorcer la menace nucléaire en Corée du Nord et a accepté la proposition américaine de négociations quadripartites avec les deux Corées. L’autre ligne de force de la politique étrangère américaine concerne la lutte contre le terrorisme : dans cette affaire, les États-Unis veulent rallier à leur cause les pays du monde entier, en particulier les partenaires du G7 et la Russie, pour apporter « des réponses communes et spécifiques » à ce tragique fléau.
Pour beaucoup de lecteurs, ce document politique apparaîtra, à juste titre, comme un témoignage de satisfaction personnelle que s’est donné le président candidat à l’occasion de sa campagne électorale. Toutefois, l’analyse approfondie des sujets abordés permet de dégager et de méditer les grands choix de la nouvelle Administration Clinton à l’aube du XXIe siècle. Cet ouvrage clair et émaillé de nombreux exemples présente ainsi un intérêt certain, non seulement pour tous ceux qui suivent de près l’évolution de la politique américaine, mais aussi pour les amateurs de géopolitique qui trouveront des informations importantes sur les grandes questions internationales. ♦