Encyclopédie du renseignement et des services secrets
Pour la première fois, les éditions Lavauzelle réunissent dans un seul ouvrage l’histoire, l’organisation, les techniques et les moyens des services de renseignement des principaux pays de la planète. Cette encyclopédie constitue ainsi un document indispensable non seulement pour la communauté militaire, mais également pour tous ceux qui s’intéressent au monde complexe du renseignement. La brochure de Jacques Baud présente un double avantage : d’une part elle est rédigée dans un style clair, simple et accessible à tous, d’autre part elle démythifie les méthodes de travail de ces services spécialisés en les situant dans leur environnement stratégique.
Parmi les nombreux thèmes traités, le lecteur retiendra notamment le sujet consacré aux actions clandestines qui ont surtout été menées par les États-Unis. Sous la présidence de Dwight Eisenhower, les activités de ce type ont consisté à mettre sur pied des réseaux de résistance en Europe occidentale et de développer les opérations d’espionnage contre l’URSS et ses satellites afin d’en déterminer le potentiel militaire. Pendant l’Administration Kennedy, les entreprises clandestines se sont essentiellement concentrées sur l’appui des régimes conservateurs en Amérique centrale. Sous Lyndon Johnson, l’effort principal a concerné le Sud-Est asiatique, dans le contexte de la guerre du Vietnam. C’est toutefois sous la présidence de Ronald Reagan que les actions secrètes ont pris le plus d’ampleur. Les opérations furent surtout conduites pour soutenir les « combattants de la liberté » en Afghanistan, en Afrique (Angola) et en Amérique centrale (Nicaragua). Cette priorité devait finalement aboutir à la vente illégale d’armements à l’Iran pour financer les contras nicaraguayens.
Par ailleurs, les échecs dans la lutte antiterroriste de l’Administration Carter obligèrent le président Reagan à prendre des mesures radicales. Ainsi en janvier 1986, le chef de l’exécutif américain signa la fameuse directive autorisant l’enlèvement de terroristes à l’étranger, afin qu’ils puissent être jugés aux États-Unis. Depuis cette date, les principales actions clandestines mises sur pied par Washington concernent surtout la lutte contre la drogue, qui se traduit notamment par un appui aux forces thaïlandaises dans leur combat contre la production de narcotiques dans le royaume siamois et au Myanmar (ex-Birmanie). Malgré de nombreux succès, les opérations clandestines menées par les Américains ont souvent alimenté des controverses : le renversement du docteur Mossadegh en Iran (1953), la destitution du président Arbenz au Guatemala (1954), le désastre du débarquement dans la baie des Cochons pour renverser Fidel Castro (1961), l’élimination du président Allende au Chili (1973) et le fiasco de la libération des otages en Iran (1980) sont les opérations (connues) qui ont porté préjudice à la politique étrangère des États-Unis.
Le chapitre consacré aux forces spéciales présente également un intérêt certain. Pendant la guerre du Golfe, ces unités d’élite ont notamment découvert 40 lanceurs Scud irakiens qui n’avaient pu être localisés par les systèmes de reconnaissance technique et les satellites. Elles ont aussi apporté une contribution efficace à l’évaluation des actions de l’aviation et de l’artillerie (battle damage assessment) et ainsi compensé une faiblesse notoire du renseignement de la coalition alliée. Les forces spéciales américaines ont enfin participé à la désignation des cibles par marquage laser pour guider avec précision les bombes et les missiles des avions de combat.
Dans cette véritable mine d’informations les plus diverses, les amateurs de technique trouveront par ailleurs des précisions sur un grand nombre de sujets : description détaillée de matériels (avions de renseignement électronique Awacs et Sarigue, système de localisation GPS, radars, drones, avion furtif, satellites de détection, etc.), principales armes des services spéciaux (« parapluie bulgare », pistolet au cyanure du KGB, sarbacane du Sdece, micros), interférences informatiques, grands systèmes de surveillance (dispositif acoustique destiné à protéger les États-Unis contre les sous-marins nucléaires), détails des opérations les plus célèbres (Farewell, Rainbow Warrior), organisations de recherches privées (Rand Corporation), activités des « taupes » les plus fameuses (Almes, Philby, Guillaume), etc. La plus grande partie de cette captivante encyclopédie est cependant consacrée à l’étude des principaux organismes de renseignement de la planète (les services de plus de cinquante pays sont ainsi représentés avec de nombreux organigrammes). Toutes ces explications permettent au lecteur d’obtenir facilement une vision d’ensemble sur un univers assez mal connu, mais dont les activités concernent notre sécurité. ♦