Jusqu'à quel point nos avions de combat futurs devront-ils faire appel aux techniques avancées, nombreuses mais onéreuses, qui s'offrent actuellement en matière d'aérodynamique, de commandes de vol, d'équipements, de radars, de transmissions et d'armements ?… Quelle pourra être alors la physionomie de nos matériels aériens dans les prochaines décennies ? Tenant compte des limitations de notre industrie quant à la production des moteurs d'avion et des contraintes financières, l'auteur, actuellement en service au bureau des programmes de matériels militaires de l'Armée de l'air, indique les directions de recherche et apporte des éléments de réponse à ces questions.
Que seront les avions de combat des prochaines années ?
Les Armées, plus encore que les autres grandes collectivités nationales, et c’est tout particulièrement le cas de l’Armée de l’air, se trouvent confrontées à des choix que l’éventail des possibilités offertes par la technique rend presque déchirants. On voit se succéder à un rythme progressivement accéléré les technologies et les formules nouvelles. Tantôt c’est une promesse de performances accrues (accélération, manœuvrabilité, capacité d’emport entre autres, pour un avion ; précision, puissance, compacité pour un armement ; portée, domaine d’action, résistance au brouillage pour un radar), tantôt la garantie d’un fonctionnement plus sûr pour tous les types de matériel, grâce à l’avènement d’une génération de composants nouveaux ; le caractère alléchant de telles perspectives est d’ailleurs souvent tempéré par la menace implicite de ne plus pouvoir se procurer les pièces de rechange nécessaires à l’entretien du matériel acquis antérieurement.
Ce choix prend une tournure cruciale dans trois types de circonstances, pour une Armée de l’air à budget limité comme la nôtre : tous les cinq ans lorsqu’il faut mettre sur pied une loi de programme militaire, à l’heure de vérité des budgets annuels, enfin au moment de la rédaction de la fiche-programme — c’est-à-dire quand on établit la charte de développement — d’un système d’arme destiné à voir le jour quelque sept années plus tard.
Choisir, c’est alors surtout écarter un grand nombre de formules, d’équipements, de dispositifs jugés trop coûteux pour l’accroissement de performances qu’on peut en escompter ; c’est souvent priver le pilote des moyens qui lui faciliteraient l’exécution de sa mission, en comptant par conséquent sur sa virtuosité pour la mener quand même à bien ; c’est malheureusement renoncer parfois à une filière prometteuse, mais sujette pour un certain temps à des aléas coûteux. La décision en fin de compte tient toujours à des considérations budgétaires.
Il reste 90 % de l'article à lire