Quand la révolution numérique crée une dépendance stratégique, quand elle installe dans le monde économique et financier des espaces incontrôlés dans lesquels peuvent s’enkyster des activités criminelles qui affectent nos intérêts fondamentaux, notamment financiers, on peut parler de risque souverain. La protection du patrimoine informationnel devient un enjeu de l’économie de défense.
Révolution numérique et risque souverain
The Digital Revolution & Sovereignty Risks
When the digital revolution creates a strategic dependence, when it settles in an economic and financial world where the situation is general unpredictable and uncontrollable, cystic criminal activities can affect our fundamental interests, especially financially. This then causes a great risk to sovereignty. The protection of information assets then becomes the central issue to defense economics.
Il peut paraître surprenant d’associer ainsi ces deux termes, ce qui présuppose que le saut qualitatif majeur que constitue la révolution numérique contient un risque souverain.
Nul ne conteste la réalité et l’irréversibilité du numérique, qu’il s’agisse de l’informatique, du traitement et du stockage des données avec l’arrivée du Cloud Computing, des nouvelles techniques de communication avec les téléphones portables de dernière génération, les tablettes numériques et le succès sans précédent des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. On ne pense plus aujourd’hui comme hier. On travaille différemment et le numérique a d’évidence profondément changé la société du XXIe siècle. Mais cette révolution qui s’est opérée en quelques années a prospéré dans un espace dérégulé, entraînant de nouvelles manifestations criminelles et induisant un risque souverain peut-être sous-évalué. Les déviances criminogènes d’un système financier dérégulé sont largement facilitées par des techniques informatiques sophistiquées comme le « trading haute fréquence ». Les cybermenaces, qu’elles émanent d’organismes privés ou d’acteurs étatiques, constituent d’évidence un risque souverain prégnant. Le terrorisme international a changé de stratégie en s’appropriant les nouvelles techniques de l’information et de la communication. Surtout, la globalisation a engendré de nouvelles zones grises, des espaces interstitiels entre le licite et l’illicite, le virtuel et le réel qu’envahit le numérique qui se développe sans contrainte ni contrôle à l’échelle planétaire. Ne pas comprendre ces changements majeurs ferait courir un risque majeur à nos intérêts fondamentaux.
Le numérique et les déviances criminogènes
du système financier
Certes la révolution numérique, qu’il s’agisse d’Internet ou plus largement de l’informatique, n’est ni à l’origine de la crise financière que traverse le monde et plus particulièrement l’Europe depuis 2008, ni la cause des déviances criminogènes du système financier. Elle a indéniablement permis un développement sans précédent des marchés financiers et concouru au développement de la croissance mondiale. Mais il est de fait que, sans le recours à l’informatique et au web, les produits financiers de plus en plus sophistiqués, hautement spéculatifs pour certains et largement déconnectés de l’économie réelle, n’auraient pu se développer. De plus, la dérégulation du marché financier et l’absence de réelle gouvernance dans ce secteur dominé aujourd’hui par les Anglo-américains ont produit des déviances criminogènes difficiles à caractériser dans un environnement numérique dématérialisé et opaque.
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