Centre névralgique régional, Singapour a construit un puissant système de défense et développé un réseau de partenariats technologiques, diplomatiques et économiques qui le met à l’abri des surprises et garantit la sécurité et la stabilité nécessaires à la prospérité de la Cité-État.
Singapour, un grand pays sur la scène régionale et internationale ?
Singapore, a Great Country in Both a Regional and International Setting?
A regional nerve center, Singapore has built up a powerful defense system and developed a network of technological, diplomatic, and economic partnerships that minimize surprises and guarantee the security and stability necessary for the prosperity of their city-state.
L’outil de défense de la Cité-État est surprenant. Ce micropays de 700 km² et 5 millions d’habitants est capable d’aligner une armée de 385 000 hommes – plus que l’armée française – que la revue Jane’s Defence Weekly qualifie de force militaire la plus avancée d’Asie du Sud-Est. Cela soulève trois questions : pourquoi un tel effort militaire ? En quoi consiste-t-il exactement ? Quel est l’impact géostratégique de cette posture de défense ?
Pourquoi un tel effort de défense ?
Le système de défense de ce pays de moins de cinquante ans est bâti sur un sens aigu de sa vulnérabilité lié à son environnement historique, géographique, économique, politique et social unique. Si Singapour se qualifie de centre de la cible (little red dot), c’est pour rappeler qu’il ne peut jamais considérer sa sécurité et sa prospérité comme acquises.
La défaite du 15 février 1942, face à un envahisseur japonais inférieur en nombre alors que les Anglais avaient construit depuis 1920 un « Gibraltar extrême-oriental » imprenable, demeure un traumatisme historique encore commémoré aujourd’hui pour rappeler l’absence de profondeur stratégique de l’île. À sa naissance dans les années 1960, l’État de Singapour fait l’expérience de trois nouvelles fragilités : les conflits ethniques, les pogroms antichinois dans les pays voisins et l’hostilité de l’Indonésie de Soekarno qui lance ses opérations de déstabilisation en parachutant des commandos et en soutenant les guérillas communistes. Lors de son retrait militaire en 1971, l’ancienne puissance coloniale britannique ne laisse que deux bataillons d’infanterie et deux patrouilleurs. La défense aérienne, assurée à partir de la base de Butterworth en Malaisie dans le cadre de « l’accord des cinq puissances » (1), est alors essentiellement tournée contre la menace communiste vietnamienne.
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