Harmattan est le modèle d’une opération militaire menée au nom de la « responsabilité de protéger ». L’auteur expose que ce type d’intervention « humanitaire » contestée doit rester l’exception et non devenir la norme mais qu’il doit aussi pouvoir fonctionner efficacement. Une telle doctrine encore imparfaite porte, en effet, l’espoir de mettre fin à l’impunité de crimes graves.
L'ambiguïté de la responsabilité de protéger
The Ambiguity of the Responsibility to Protect
Harmattan is the model of an military operation carried out in the name of Responsibility to Protect. Laurcur exposes this type of humanitarian intervention, which he contests, must remain an exception that cannot become normalized, but which can also function efficiently. This is one of the imperfect benchmark doctrines, which in fact will help lead the charge against ending the impunity that exists around grave crimes.
Parmi les succès de nos armes, figure l’opération en Libye en 2011. Harmattan, nom de l’opération militaire française parallèle à l’engagement international pour protéger la population libyenne, avait pour objectif d’appliquer la résolution 1973 du 17 mars 2011 du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Ce recours à la force devait faire respecter la zone d’exclusion aérienne pour protéger la population libyenne (§ 6-12), ce qui s’est traduit mécaniquement par des frappes sur des objectifs militaires qui pouvaient menacer la coalition.
Dans la ligne de la résolution 1970 du 26 février 2011 qui rappelle la responsabilité de chaque État de protéger sa population et celle de la communauté internationale d’intervenir lorsque les États manquent à leur devoir (« les autorités libyennes ont la responsabilité de protéger le peuple libyen » ; « les attaques systématiques et généralisées contre la population civile pourraient constituer des crimes contre l’humanité »), la résolution 1973 permet l’engagement de moyens militaires pour protéger la population libyenne agressée. Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, le CSNU réaffirme « son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Jamahiriya arabe libyenne ». Devant l’imminence d’un massacre, le CSNU autorise les États à « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaques » par les forces du colonel Kadhafi (résolution 1973, § 4).
Le 19 mars 2011, le président de la République a réuni un Sommet auquel étaient notamment conviés les représentants de la Ligue arabe, du Conseil européen, la Haute Représentante pour la politique étrangère et de sécurité et les Hauts Représentants des États qui souhaitaient apporter leur soutien à la mise en œuvre de cette résolution. Le président de la République a ordonné ce même jour de lancer l’opération Harmattan, « pour protéger les populations contre des attaques sur la ville de Benghazi ». C’est bien au nom de la « responsabilité de protéger les populations » – la R2P dans le jargon – mentionnée dans la résolution 1973 (§ 3, 4 et 6), que les forces de la coalition sont intervenues en Libye. Le CSNU fait également une référence explicite à la R2P en adoptant la résolution 1975, le 30 mars 2011, par laquelle il demande à l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire d’utiliser « tous les moyens nécessaires pour mettre en œuvre son mandat de protéger les civils (…) y compris pour prévenir l’usage d’armes lourdes ».
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