Plusieurs exemples récents et médiatisés dans un environnement de crise prégnant tendent à montrer que le dialogue social dans les armées françaises atteint des limites. À la veille de réformes touchant l’organisation et les hommes du ministère de la Défense, l’heure semble propice à l’ouverture d’un débat serein rassemblant la communauté militaire et le monde politique sur les modalités d’évolution de ce dialogue.
Évolutions du dialogue social dans les armées françaises
Evolution of Social Dialogue in the French Army
Several recent, important, and high-profile examples in the crisis situation suggest that the social dialogue in the French army has reached its limit. On the eve of reform to the organization and to the personnel of the Defense ministry, the time seems ripe to open a calm debate bringing together the military community and politicians to discuss how to change dialogue within the ranks.
Suite à la mise en place du système Louvois en octobre 2011, le versement de la solde d’un nombre important de militaires de l’Armée de terre française connaît des difficultés chroniques. Pendant un an, les militaires ont vainement épuisé les outils réglementaires et hiérarchiques mis à leur disposition pour régler ce problème. C’est l’intervention en octobre 2012 de certaines de leurs épouses, regroupées au sein du collectif « Gauloises en colère », qui a réellement fait avancer le dossier auprès du ministère de la Défense, notamment grâce à son fort écho médiatique auprès de l’opinion publique. Un pas vite franchi pourrait d’ailleurs laisser croire que sans leur intervention, la situation serait restée figée. Au même moment, en Grèce puis au Portugal, plusieurs milliers de militaires en civil et en tenue ont dérogé aux devoirs définis dans leurs statuts. En signe de protestation, ils n’ont pas hésité à défiler contre la perte de leurs droits et, de manière plus large, contre la dégradation de leurs conditions de vie et les mesures de rigueur prises par leurs gouvernements respectifs.
Il y a seulement dix ans, personne n’aurait cru possibles, ni même imaginables, ces situations. Pour autant, elles illustrent le fait que dans le contexte actuel de crise, les questions sociales individuelles et collectives préoccupent de manière croissante les militaires au même titre que les autres citoyens. Les militaires français et européens ne semblent plus prêts à accepter sans condition l’ensemble des choix sociaux faits pour eux. Quelle que soit la forme de contestation qu’ils utilisent, les militaires montrent que le système de dialogue au sein des armées ne parvient pas à apporter des réponses satisfaisantes aux problèmes sociétaux qu’ils rencontrent.
Accorder aux militaires français l’autorisation de créer et d’intégrer des syndicats ou des associations qui défendraient leurs droits ou substituer des entités décisionnelles en lieu et place des instances de concertation existantes ne saurait être à l’ordre du jour. En revanche, ouvrir un débat de fond rassemblant la communauté militaire et le monde politique sur le thème de l’évolution nécessaire du dialogue social dans les armées semble opportun.
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