L’exception marocaine
L’exception marocaine
À l’heure où le bilan de ce qu’on a appelé un peu vite les « Printemps arabes » s’avère bien mitigé, en particulier en Tunisie et en Égypte, les auteurs de cet ouvrage, publié sous les auspices de l’Observatoire d’études géopolitiques et du centre de recherche Maurice Hauriou de l’université Paris Descartes, s’interrogent avec pertinence sur la notion et les raisons de « l’exception marocaine » qui, selon eux, s’impose comme une évidence. C’est donc aux caractéristiques mais aussi aux promesses de cette « exception marocaine » que s’intéressent dans cet ouvrage, dirigé par Frédéric Rouvillois et Charles Saint-Prot, une quinzaine d’universitaires et d’observateurs, juristes, historiens, économistes ou sociologues, à un moment où l’actualité politique rend une telle réflexion particulièrement urgente.
Dans les pays touchés par les événements de 2011, on constate à la fois des flottements institutionnels, un niveau de violence inédit, un climat d’insécurité, la montée en puissance de groupes radicaux, des menaces sur les droits de la femme. À l’opposé, le royaume du Maroc qui s’inscrit dans une logique réformiste, a pu, au milieu des tribulations qui secouent la région, anticiper et gérer la crise en continuant le processus des réformes. Ainsi, il a su se doter d’une nouvelle Constitution et la mettre en oeuvre tout en maintenant le cap du développement global fixé par le roi Mohammed VI. Du coup, voici le Maroc qui se présente comme un pôle de stabilité dans la région et un partenaire de tout premier plan pour les pays du nord de la Méditerranée. Sur ce point, on lira avec intérêt les analyses concernant le rôle du royaume dans la consolidation d’un islam authentique, réformiste et modéré face aux extrémismes, sa contribution essentielle à la lutte contre le terrorisme au Sahara et au Sahel, son active politique africaine.
L’ouvrage se divise en plusieurs grandes parties ; les principes fondamentaux (monarchie, consensus, islam modéré), les institutions, les questions sociales et économiques, et les questions géopolitiques, avec sur ce point des études approfondies sur les relations franco-marocaines, le Maroc et l’Europe, la projection africaine du Maroc ou les causes de l’impasse du dossier du Sahara marocain.
Les auteurs insistent non seulement sur les réalisations institutionnelle et de consolidation de l’État de droit dans le cadre d’une monarchie nationale et populaire mais aussi sur les efforts de renforcement de l’unité nationale et territoriale « de Tanger à la frontière mauritanienne » et pour le développement économique et social, la poursuite des grands chantiers (développement des énergies renouvelables, Plan Vert pour l’agriculture, Plan Azur pour le tourisme, Plan Émergence pour l’industrie…), l’ébauche d’une régionalisation ambitieuse, le renforcement des partenariats avancés ou stratégiques avec les pays de l’Union européenne, notamment la France qui reste l’ami le plus constant. « Tels sont les chantiers d’avis du Maroc en marche » affirment Frédéric Rouvillois et Charles Saint-Prot dans leur avant-propos en posant le principe que l’exception marocaine est « tout simplement le fait que, là où d’autres s’agitent en tous sens, tâtonnent ou sont frappés d’une sorte de paralysie cadavérique, le Maroc poursuit son évolution dans la stabilité ». ♦