Les ravages de la désinformation, d’hier à aujourd’hui
Les ravages de la désinformation, d’hier à aujourd’hui
Le concept moderne de désinformation en recouvre plusieurs, fort anciens : manipulation, propagande, publicité, ruse de guerre, intoxication, déception, concurrence. Aussi bien Michel Klen fait-il de ces mots divers les chapitres de son catalogue, catalogue exhaustif. Pour chaque catégorie, les exemples abondent, souvent renversants dans leur impudence. La désinformation est une bataille où les adversaires attaquent et se défendent.
De la manipulation, Staline reste le champion. Sa technique des aveux extorqués est d’une cruauté inégalable. Il n’est pas seul et l’histoire répertorie quelques faux efficaces, dont Les Protocoles des Sages de Sion fut – et reste encore en pays musulman – le plus ravageur. De la propagande, rebaptisée agit prop, les Soviétiques sont les maîtres. Ils trouvèrent à Paris de solides alliés. Hitler ne fut pas en reste et Les dieux du stade, tourné lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936, eut un grand retentissement. Dans le cadre de la guerre froide, l’URSS, aidée de complices occidentaux et d’idiots utiles, réussit à terroriser l’Ouest plus que de raison, en sorte que l’écroulement de l’Union soviétique, pourtant prévisible, y fut une surprise. La Seconde Guerre mondiale nous ramène à de plus classiques entreprises, qu’on appelait déception. Classique mais gigantesque, l’opération Fortitude persuada Hitler qu’il était dans le vrai, voyant les Alliés débarquer dans le Pas-de-Calais. La guerre d’Algérie fut le théâtre d’une superbe désinformation, dont nous sommes les artisans pervers et les victimes béates : entre mémoire FLN et repentance française, nous n’en sommes pas encore sortis. L’auteur termine par notre modernité. Sur les autoroutes de l’information, la désinformation roule pareillement. Avec l’e-génération s’ouvre, dit Michel Klen, un nouvel âge de l’humanisme. Nouvel âge ou fin de tout ? On le saura bientôt. ♦