La situation budgétaire paradoxale dans laquelle se trouve le Pentagone ne permet pas aux États-Unis de prendre correctement le virage qu’impose une stratégie qui redéploie vers la zone Asie-Pacifique la protection des intérêts de sécurité américains. Si des réformes sont engagées, la période de la contre-insurrection close, le rééquilibrage régional en cours, c’est surtout le strict encadrement par le Congrès de la dépense de défense qui dicte le quotidien des forces armées américaines.
La défense américaine se réinvente dans l’incertitude budgétaire
American Defense Reinvents Itself amidst Budget Uncertainty
The paradoxical budget situation that the Pentagon finds itself in does not permit the United States to properly take the turn and impose a policy that redeploys a protection of American security interests to the Asia-Pacific zone. If these reforms are put into play with the period of counter-insurrection concluded and the undergoing regional rebalancing, it will still certainly be under the strict control of Congress on defense spending that dictates the life of American armed forces.
En janvier 2009, quand Barack Obama entre à la Maison-Blanche, son programme de politique étrangère et de défense s’articule autour de la volonté de refermer le chapitre des deux guerres majeures (Afghanistan, Irak) dans lesquelles le pays est engagé. Dès son premier mandat, il mettra ainsi un terme à la présence américaine en Irak (décembre 2011) et fixera à 2014 l’échéance de la mission actuelle des forces américaines en Afghanistan. Dans son discours d’investiture pour son second mandat, le 21 janvier 2013, la fin actée du conflit en Irak et celle programmée en Afghanistan seront ses seules évocations de la politique de défense, hormis l’hommage rendu aux vétérans.
Ce faisant, le Président américain est en phase avec son opinion publique qui ressent une « War Fatigue » : le lendemain du départ des derniers militaires américains d’Irak (1), le sujet disparaît des médias (2). Parallèlement, Barack Obama infléchit la nature de l’engagement américain à fin de contre-terrorisme. L’idée de déployer d’importants effectifs s’estompe – au moins pour un temps – au profit de modes d’action à « faible empreinte au sol », dont les recours aux drones armés et aux forces spéciales sont les archétypes, et dont le raid sur Abbottabad (3) symbolise l’efficacité.
C’est donc depuis plus de quatre ans que le Département de la Défense (DoD) se prépare au post-Afghanistan et, plus généralement à l’après-conflit dit de contre-insurrection (COIN). Pourtant, en dépit du préavis dont il a bénéficié, c’est sous forte pression que le DoD doit conduire des ajustements d’ampleur.
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