Le développement de la criminalité transnationale organisée en Afrique de l’Ouest a aggravé l’instabilité de la sous-région alors qu’au plan opérationnel, l’architecture sécuritaire de la Cédéao ne sait pas prendre en compte ce type de menaces protéiformes. L’auteur expose un concept fondé sur une approche « policière » permettant la détection précoce, des investigations collectives et un appui international efficace pour y faire face.
Criminalité organisée et sécurité collective en Afrique de l’Ouest
Organized Crime and Collective Security in West Africa
The development of transnational organized crime in West Africa has aggravated the instability in this sub-region, while at the operational level the security structure of ECOWAS is unclear on how to consider these multifaceted threats. The author exposes a concept based on a “law enforcement” approach, permitting early detection, collective investigations, and an effective international push to face them.
Ces dernières années, l’Afrique de l’Ouest est devenue particulièrement vulnérable à la criminalité organisée *. En effet, l’implantation des réseaux de narcotrafiquants et leur connexion avec les groupes extrémistes violents, le développement des trafics d’armes, de drogue et de migrants ont aggravé la situation de la sous-région déjà fragilisée en raison notamment de sa position géographique, de la faiblesse des États et de la récurrence des conflits armés internes. Ces fléaux ayant aggravé l’instabilité à l’échelle sous régionale, il s’avère dès lors important de s’interroger sur les stratégies à adopter dans le cadre d’une sécurité globale pour les juguler.
À l’analyse, l’architecture sécuritaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao (Burkina Faso, Bénin, Cap-Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo), qui repose principalement sur les forces ouest-africaines en attente, est inadaptée à la prise en compte des menaces protéiformes auxquelles cette sous-région est confrontée. Dès lors, il faut sans doute un autre concept basé sur une approche de type « policière » qui permettra la détection précoce et des investigations, au risque de laisser cette partie de l’Afrique sombrer dans l’anarchie. En effet, les États de la Cédéao font face à des menaces multiformes qui ont rencontré un faisceau de circonstances particulièrement favorables. La déstabilisation de tous les piliers du triangle de stabilité qui en a suivi exige dès lors une double action régionale et internationale afin d’inverser la courbe de l’instabilité.
Des menaces multiformes et hybrides
Assurément, l’Afrique de l’Ouest, du fait de ses fragilités internes, offre un terreau fertile au crime transnational organisé. Ainsi, l’implantation progressive des narcotrafiquants en provenance d’Amérique du Sud dans toute la sous-région, l’émergence au Sahel d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et surtout l’interconnexion de plus en plus évidente de tous ces acteurs qui ignorent les frontières constituent autant de défis à la sécurité intégrée.
Il reste 87 % de l'article à lire
Plan de l'article