Le commandant de la force Serval tire à son niveau opératif les premiers enseignements de la campagne conduite dans le Nord Mali début 2013. Il identifie trois principaux facteurs de succès, la surprise stratégique, la souplesse d'une coalition militaire informelle et la cohérence d'une maîtrise permanente de la force.
Premières leçons opératives de l'opération Serval
The First Operational Lessons from Operation Serval
The commander of the Serval forces pulls from an operational level the first lessons of the campaign conducted in North Mali in the beginning of 2013. He identifies three principal factors of success: strategic surprise, the flexibility of an informal military coalition, and a consistent, permanent mastering of force.
Le 11 août 2013, soit sept mois jour pour jour après le déclenchement de l’opération Serval, les Maliens élisaient un nouveau président de la République dans des conditions de participation et d’organisation particulièrement satisfaisantes de l’avis de tous les observateurs. Ce scrutin, inespéré quelques mois plus tôt, mettait un terme à dix-huit mois de crise politique et sécuritaire, ponctuée par une rébellion touareg et une offensive djihadiste visant à faire du Mali un sanctuaire terroriste régional.
Le succès de cette opération est, à bien des égards, emblématique de ce que la force militaire, quand elle est employée avec détermination et maîtrise, peut obtenir dans un monde multipolaire et interdépendant où l’état final recherché pour sortir de la crise tend désormais moins à l’anéantissement systématique de l’adversaire qu’à la régénération d’un équilibre politique durable.
Dans les six premiers mois, Serval a été le moteur et le cœur d’une opération combinée de la communauté internationale, se renforçant mutuellement avec d’autres acteurs militaires se déployant dans son sillage : les Forces armées maliennes et la Misma (Cédéao) dès le début de la crise puis la mission de formation de l’Union européenne (EUTM) et enfin la mission de stabilisation de l’ONU (Minusma), venue remplacer la Misma et qui joue maintenant un rôle de premier plan. Cet engagement militaire de la France a, par son ampleur sans précédent sur le continent africain, provoqué un sursaut indispensable alors que l’aggravation de la situation sur le terrain menaçait de déboucher sur une déstabilisation de toute l’Afrique de l’Ouest.
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