Les forces armées des pays de l'Afrique de l'Ouest portent la marque de leurs origines qui les confinaient dans des tâches de sécurité intérieure. Leur capacité d'engagement collectif a été limitée par les réalités d'une sous-région hétérogène. Pour leur permettre d'intervenir efficacement et de façon autonome dans le maintien de la paix régionale, il leur faut acquérir maintenant des capacités de réactivité et de projection.
Forces armées d'Afrique de l'Ouest et engagements opérationnels
West African Armed Forces and Operational Engagements
The armed forces of West African countries bear the mark of their origins, which confines them to tasks of internal security. Their collective engagement capacity was limited by the realities of a heterogeneous sub-region. In order to permit them to intervene, efficiently and autonomously, in maintaining the regional peace, one must let them now acquire reactionary and projection capacities.
Les crises qui ont secoué l’Ouest africain ces vingt dernières années constituent un champ d’expérimentation particulièrement riche. Elles nous permettent de tirer des leçons pour les forces qui ont eu à intervenir, qu’elles soient françaises, onusiennes ou africaines. Au premier rang de ces forces, les forces africaines de la sous-région attirent notre attention, car elles sont non seulement souvent les premières à intervenir, mais également les dernières à rester et en tout cas celles par qui la crise se stabilise et peut être gérée dans la durée. En effet, que ce soit au Liberia, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire ou plus récemment au Mali, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a fourni des forces constituant le précurseur des forces de l’ONU. Elles ont permis une réaction rapide et une implication de la sous-région dès le début de la prise en compte de la crise. Toutefois, si cette implication a démontré la capacité d’engagement des pays de la sous-région, elle a aussi souligné les faiblesses de leurs forces et les limites de l’organisation sécuritaire de l’Union africaine (UA).
Les récents développements de la crise au Mali à la suite de l’intervention française et du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) puis du passage sous Casque bleu de cette force soulignent tout particulièrement les lacunes actuelles des forces africaines. L’UA a pris acte de cette situation et la décision prise en mai 2013 de créer une force de réaction rapide en est l’illustration. Pourtant, un effort important d’accompagnement des forces africaines avait été consenti depuis plusieurs années, en particulier par les États-Unis et la France. Pour les États-Unis, le programme ACOTA (African Contingency Operations Training and Assistance) a fourni 480 millions de dollars de 2005 à 2009, formé et équipé plusieurs contingents. De son côté la France, avec le programme de Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp) a permis d’aider certains contingents africains et de participer à la montée en puissance de la Force africaine en attente de l’UA. Elle a joué un rôle moteur au sein de l’Union européenne afin que celle-ci se mobilise autour d’exercices et de formations. La dernière en date est l’EUTM (European Union Training Mission) au Mali.
Leçons apprises
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