Outil et non finalité, l'Architecture de paix et de sécurité en Afrique doit, pour consolider sa pertinence et renforcer son efficacité, tout à la fois conforter les États pivots sur lesquels elle s'articule, réévaluer sa doctrine et normaliser son fonctionnement. La France quant à elle doit favoriser une meilleure compréhension de sa posture et contribuer à l'élaboration d'une vision africaine commune des menaces et des solutions à leur opposer.
Comment rendre l'Architecture de paix et de sécurité en Afrique plus efficace ?
How to Make the African Peace and Security Architecture More Efficient
Useful and aimless, the African Peace and Security Architecture must, in order to consolidate its pertinence and reinforce its efficiency all at once, confront the pivotal states on which it is articulated, reevaluate its doctrine, and normalize its functioning. As for France, it must favorize a better understanding of its stance and contribute to the elaboration of an African communal vision of threats and the solutions to oppose them.
En rationalisant et en harmonisant les activités des organisations africaines, continentales et sous-régionales, l’Architecture de paix et de sécurité en Afrique (Apsa) devait assurer une véritable appropriation africaine de la gestion des crises. À cette fin, elle a été dotée de plusieurs outils novateurs, dont un Conseil de paix et de sécurité (CPS) et une Force africaine en attente (FAA). La gestion du problème malien a donné cours à de nombreuses critiques à l’égard de cet instrument, jugé incapable d’apporter une solution rapide et efficace aux conflits. En laissant entendre que l’Apsa constitue un agent autonome, et non un simple outil au service de ses membres, ces accusations témoignent cependant d’une certaine méconnaissance de son fonctionnement.
L’objectif de la réflexion qui suit est précisément de décrypter les ressorts de la mobilisation de l’Apsa puis d’en tirer les leçons pertinentes pour créer les conditions de son succès. Par le biais d’une brève analyse de la gestion des crises africaines les plus récentes, elle décrit la manière dont la mise en œuvre de cet outil tend à reposer exclusivement sur la capacité d’initiative d’États pivots n’hésitant pas à prendre des libertés avec son fonctionnement théorique.
Pour les acteurs extérieurs comme la France, soutenir l’émergence de « solutions africaines aux problèmes africains » revient donc inévitablement à sous-traiter la préservation de leurs intérêts à des États du continent. C’est, du point de vue des partenaires, le principal défi de l’africanisation, les États africains ne partagent pas nécessairement leurs priorités et leur vision de ce qu’est la « sécurité ».
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