L’auteur délivre ici une analyse fine de la nouvelle posture nucléaire et plus généralement militaire de la Corée du Nord dont le jeune dirigeant a tenu à réaffirmer la capacité de nuisance régionale. Les défis qu'il adresse aux États-Unis, à la Corée du Sud mais aussi à la Chine, sont autant d'indications archaïques d'une politique qui vise à défendre un régime et une dynastie.
Apories nord-coréennes : au-delà de la guerre des mots
North Korean Apories: Past the War of Words
The author here delivers a detailed analysis of the new nuclear and, more generally, military stance of North Korea, whose young leader has wished to reaffirm the capacity for regional harm. The challenges that have been addressed to the United States, South Korea and also China are all indications of an archaic policy to defend a regime and a dynasty.
Depuis le troisième essai nucléaire nord-coréen du 12 février 2013 et le train de sanctions internationales qui y a répondu, la péninsule coréenne s’est enfoncée dans un cycle de tensions dont l’acuité inhabituelle a semblé prendre de court les analyses traditionnelles. Du côté nord-coréen, on a souligné l’inexpérience diplomatique d’un jeune leader trentenaire, Kim Jong-un, aux affaires depuis deux ans et soucieux d’asseoir son pouvoir sur le premier cercle d’oligarques militaires. Celui-ci connaît un train de purges et de disgrâces ininterrompues dont le dernier à faire les frais, fin février 2013, a été le général Ri Myong-su, ministre chargé de la sécurité et décrit comme proche du décédé Kim Jong-il, père de l’actuel dirigeant.
Déjà en juin 2012, le retrait de la scène publique du général Ri Yong-ho, chef d’état-major, indiquait la volonté du jeune dirigeant de s’imposer rapidement aux militaires. A contrario, certains responsables civils réapparaissent comme Park Pon-ju, brutalement démis après la débâcle de la réforme monétaire de 2009 qui lui a été imputée et réinstallé depuis peu dans ses responsabilités ministérielles.
Développant une rhétorique particulièrement virulente, Pyongyang a brandi une menace de frappe nucléaire préemptive et pour bien marquer la bascule dans une situation de guerre a suspendu la ligne de téléphone militaire d’urgence entre les deux Corées, qui sert avant tout à gérer les activités dans l’espace sensible que constitue la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux pays puis a fermé le complexe industriel intercoréen de Kaesong. Les ambassades étrangères présentes à Pyongyang, informées par le régime que leur sécurité ne pouvait être assurée, se sont retrouvées elles-mêmes « prises en otages ». Particulièrement visés, les États-Unis ont, pour leur part, fait l’objet d’un plan d’opérations militaires et se sont vus menacés de tirs potentiels de missiles nord-coréens à moyenne portée (3 000 km).
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